Le peintre philosophe

Personnage fort affable, Georges Guv qui est un visionnaire et un philosophe a pour souci majeur: La perfection artistique. Aussi, ses œuvres, d'une excellente facture revêtent-elles un cachet unique en leur genre.

Vie et Enfance

Ne à Adana (Turquie) en 1918 au sein d'une famille composée de trois garçons et d'une fille, Georges Guverdjinian vint au Liban en Décembre 1923, après avoir échappé par miracle au fameux massacre de septembre (1922) qui eut lieu à Izmir. Il débuta sa vie scolaire à l'école Saint-Grégoire d'Achrafieh, dirigée à l'époque par les Peres Jésuites. Quant à ses études secondaires, C'est à l'Université Saint-Joseph de Beyrouth qu'il les achève.

Caractère

D'une foncière probité, Georges Guv attache le même intérêt aux plus grands projets et aux choses insignifiantes. Calme et réfléchi, il témoigne, parfois d'une amabilité qui surprend même ses amis les plus intimes.

Ses théories, il les expose d'une manière simple et franche. Il maintient un équilibre parfait entre des tendances philosophiques et humanistes et un goût curieux pour l'étude de la nature, de l'eau, des océans et du surnaturel.

A l'Académie Libanaise des Beaux-Arts

En 1946, Guv entre à l'Académie Libanaise des Beaux-Arts, dirige par Alexis Boutros. Il obtient, âpres trois ans d'études, un diplôme en peinture, en gravure sur bois et en lithographie.

En 1943, il rencontre une gracieuse jeune fille, Marie Jeanne Khabouth. Ils se marient à Beyrouth, et, de cette union, naissent trois enfants: François, Roger et Arlette.

La conception philosophique de Guv

Au début de cette moitié du XXe siècle, la peinture libanaise est représentée avantageusement par:Khalifé, Rayess, Kanaan, Wehbi, Guv, Charaf, Guiragossian, et tant d'autres. Chez la plupart de ces artistes on peut retrouver quelques tendances picturales du siècle dernier. Guv apparaît non seulement comme un artiste complet et parfait, mais encore comme celui qui a donné à l'art de la peinture libanaise, un cachet philosophique et une technique nouvelle. Il est l'homme de l'angoisse maitrisée.

A voir devant le style nouveau qu'il introduit dans l'art pictural, on se demande si cet homme paisible et réfléchi, n'est pas au fond un vrai philosophe. D'après lui, une lutte acharnée se livre, quotidiennement, depuis la création, entre deux éléments de la nature: L'eau et le rocher. L'eau représente pour l'artiste, l'infini, donc Dieu; le rocher qui devient tranchant et creux, s'use et s'effrite. Donc c'est une matière qui s'anéantit devant la poussée de l'eau laquelle joue le rôle de l'esprit. On trouve une illustration impressionnante de cette théorie dans l'œuvre de Guv. C'est pourquoi pour étudier l'évolution de cet artiste, on est invité à examiner une de ses premières et une de ses dernières créations.

Mais de toute évidence, Guv est un artiste exceptionnel dont les particularités du style ne peuvent être classées de maniere precise par les critiques et les historiens de l'art.

Toutefois, il y a lieu de signaler que notre siècle malgré la présence de l'art abstrait, qui le domine, s'est éveillé avec l'époque romantique et surréaliste. Ceci explique dans les toiles de Guv le coté surréaliste et fantaisiste qui les marque profondément.

Disons enfin que le souffle philosophique de Guv à travers sa peinture exprime, précisément, la tendance originale de sentir l'infini, de jouer le bleu et le vert de l'eau.

Peinture au Monastère Bzommar

Guv et les voyages

Guv voyage depuis son bas âge. Cependant notre artiste a toujours eu comme thème principal de ses nombreux déplacements à travers l'Europe, l'étude des problèmes de l'avenir de la civilisation, de l'homme, de l'art et de la nature. Les éléments de la nature (Eau-Rocher) ont toujours été au centre de la réflexion de Georges Guv. Ils figurent, amplement, dans ses toiles et sont exprimés avec conviction et force. Son attachement aux beautés des algues et sa soif de découvrir, incessamment, le monde sous-marin, lui ont permis de sentir le besoin d'être loin de son pays et des siens. Ainsi les voyages de Guv en Europe et notamment à Paris, contribuèrent, puissamment, a la réalisation de ses plus belles toiles.