Point de vue de l'artiste par Jean-Paul Mansour
Point de vue de l'artiste par Jean-Paul Mansour:
Si l’on me demandais ma façon de travailler et de voir l’art en l’occurrence la peinture je dirais:
Je laisse le temps à la matière. Lorsque je peins, je travaille mes fonds par superposition de couches et de couleurs, ce qui peut me prendre plusieurs jours espacés par le repos de la matière. Un ciel bleu n’est pas un bleu sorti du tube, mais un ensemble de surfaces appliquées avec des valeurs et des couleurs qui viennent compléter le but recherché. Je ne touche pas nécessairement le sujet final qui constitue le centre de ma toile, mais modifie les fonds afin de projeter une couleur réfléchie qui influencera mon sujet principal. La superposition des couches dites en glacis, permet la pénétration de la lumière jusqu’à toucher la toile, pour ensuite nous restituer les couleurs avec un effet de profondeur et de vibration. En somme, dans mon travail, les couleurs locales, tonales et réfléchies déterminent l’ensemble de la couleur d’un corps précis. Je ne suis pas contre ce que l’on appelle, aujourd’hui, la liberté d’expression dans toute forme d’art quelle qu’elle soit, mais je défendrai toujours les règles qui nous permettent d’exprimer nos compositions.
En effet, j’ai toujours considéré l’art comme une science. - La science des arts - . En ce qui me concerne, l'art n'est pas gratuit comme on a tendance à le voir de nos jours. L'art est une science qui se travaille avec beaucoup de persévérance. Une anecdote illustre bien ce propos : On amena à Rubens un jeune homme qui voulait faire de la peinture. - Il sait bien peindre, il t'aiderait à réaliser les fonds de tes peintures. D'après ce qui nous est rapporté, Rubens feint l'étonnement et l'admiration. - Il sait faire les fonds ! Amenez-le moi tout de suite, car cela fait des années que j'essaie de faire les fonds et j'ai encore beaucoup de mal !
Lorsque l'on voit des oeuvres d'arts - dignes de ce nom - on oublie tout le travail, la persévérance, les efforts, voire les larmes de l'artiste.
L'art est une science qui a toujours existé dans le concept de l'univers. Il est soumis à des règles en provenance de l'éternité. L'artiste ne fait que découvrir ces concepts. Il ne crée rien, mais son génie réside dans la composition, l'assemblage de ce qui est mis à sa disposition. Eh oui, rien n’est gratuit. Certes il y a des gens qui naissent avec un don, mais le don est un héritage de l’existence, non des parents. Comme dit Gibran Khalil Gibran « L’amour se contente de lui même et n’a besoin de personne ». Je pense que l’art se contente d’être et n’attend rien de qui que ce soit. Ce que j’essaye de dire, c’est que beaucoup de gens, vantards dans leur fond, mettent l’art à leur service. Or je pense que l’homme est à la disposition de l’art. Il est le serviteur de la poésie, de la peinture, de la musique, de toute science ou science artistique, car toute musique existe dans l’univers, toute forme artistique, géométrique, toute couleur, toute chanson ne sont qu’un assemblage des éléments originels du ce qui « EST » et mis à notre disposition, et libre à nous d’en découvrir le langage et l’assemblage. J’insiste sur la persévérance, car utiliser un siccatif flamand ne s’acquiert pas en une soirée. Faire son propre mélange d’huile de lin, de siccatif flamand et de térébenthine, n’est pas qu’une recette que l’on applique, mais un dosage sauvage que l’on apprend à apprivoiser avec le temps. Tel était le travail des anciens. Je ne crois par ailleurs en aucune peinture moderne, rien de tout cela, mais dans des sujets modernes, dans l’évolution de la pensée, par conséquent de l’art et des sciences. Aujourd’hui, nous avons donné une meilleur qualité à la texture picturale, mais quel modernisme a-t-on apporté? La liberté de l’expression? mais quelle liberté? Ayez la liberté en mathématique de dire que deux parallèles se rejoignent et vous verrez, en théorie, tous les trains dérailler. Il en va de même dans tous les arts. Des règles de construction et de couleur ainsi que des formes sont établies avant l’existence de l’homme ; moi, je vais pour les découvrir et non pour les inventer.