Haroutioun Torossian

Pour Torrossian, un seul thème : La femme, sans cesse épurée - Opinions

Pour Torrossian, un seul thème : La femme, sans cesse épurée.

«Je voulais, au début, que les gens puissent voyager en regardant mes toiles. J’étais fascine par l’horizon. Il y a eu, depuis, la rencontre avec la vie c’est-à-dire la forme. C’est un phénomène auquel je suis attache.»

Des bleu-gris de l’Ile de France aux couleurs agressives, on remarque chez Torrossian un penchant pour le dessin en courbe, ou la couleur pour elle-même, mais qui a tendance à fondre sur sa toile.

« Quand je regarde ces couleurs, confie-t-il, dans lesquelles nous baignons, je me sens, comme faisant partie intégrante de ces couleurs. »

Parlant de la peinture de Torrossian, la journaliste et poétesse Nohad Salameh, écrit notamment : 
«Torrossian reste, sans conteste, le peintre de la transparence. Il suffit qu’il caresse le motif d’un léger coup de crayon ou de fusain, à peine perceptible, pour que toute sa sensibilité affleure aussitôt à la surface, car sa vision de l’homme et de la vie, imprégnée d’amour, correspond à l’intensité et la richesse de son intériorité.

« Abordant les êtres avec tendresse, je ne puis que les interpréter avec transparence. D’ailleurs, de deux choses l’une on a l’esprit fluide ou opaque. Cette délicatesse du trait se révèle plus particulièrement dans le « Nu », sur lequel Torrossian a axé ses recherches pendant près de dix ans. Peindre un modèle ne consiste pas pour lui à faire étalage de sa technique, mais plutôt à exploiter un thème adapté à des reconnaissances pleines d’émotions diverses.

« Le « Nu » constitue le thème le plus beau et plus difficile à traiter, courbe et souple à la fois, il échappe à une forme géométrisée, c’est à l’artiste de déchiffrer les indices géométriques que révèle le corps humain. Je dirai, par conséquent, qu’un artiste ne parvient au summum de la maturité ou de la perfection que lorsqu’il est capable de sentir la beauté du corps avec intensité et de le rendre d’une façon presque tangible. Nus, portraits, paysages d’automne parisiens, scènes de détresse humaine, nature morte. Qu’importe le thème. Torrossian prodigue libéralement dans son œuvre toutes les forces de sa personnalité.

«Quoi qu’on fasse on ne peut prendre ses distances a l’égard de la vie. A chaque instant elle nous émerveille par ses plus infimes détails. Ainsi, ai-je décelé dans les arbres, pendant les moments de guerre, un caractère de détresse apparente à celle de l’être humain. Chacun de ces arbres dénudes, aussi désolés qu’une mère éplorée témoigne de notre propre désarroi. Une trentaine d’aquarelles et de dessins, faisant l’objet d’une prochaine exposition, concrétisant cette vibrante réalité.»

La réalité, dans l’optique de Torrossian, a nom, vie, ou intégration définitive au milieu humain. 
«Un retour a la réalité quotidienne.»

«Voici le changement que la guerre a opèré en moi, en chaque artiste. Je le suppose du moins. Désormais, le peintre se souciera beaucoup moins d’exposer que de tendre à devenir partie intégrante de sa société. En d’autres termes, un retour au « tangible ».
De son coté le critique d’art, François Loyer, écrit notamment: 
« Figuratif, abstrait ? La question ne se pose plus pour cette nouvelle génération d’artistes qui ont su dépasser les conflits de l’anti-art et retrouver l’expression authentique de leur émotion devant le monde, de leur amour de la vie, dans le simple espace d’une toile. 
« Torrossian développe particulièrement bien cette délicatesse de sensibilité autant par la ligne souple de ses corps de femmes admirablement esquissés, que par l’exquise gamme de tons accordes qui confèrent une telle unité d’atmosphère à la moindre de ses toiles. 
« C’est un artiste à sa maturité et c’est, avec toute la simplicité d’une œuvre complètement dépourvue d’artifice, un vrai talent de peintre. »

Victor Hakim, l’éminent critique d’art a dit notamment:

« Quand j’entends parler de portrait, je pense tout de suite à ceux des tombeaux de Fayoun, qui demeurent une des plus riches expressions de l’Art, aussi beaux que ceux de Raphaël, Rembrandt, Ingres...

« Quant à Torrossian, dans ses toiles, il donne la primauté à la pureté de la forme, tamise ses couleurs et met à jour les harmonies tendres de beaucoup de séduction. Il prône le culte de l’intimité. »

Robert Vrinat, critique d’art et peintre parisien écrit notamment:

« A trente ans, Torrossian, manifeste des qualités de peintre naturelles et acquises d’une maturité remarquable. Figures surtout mais aussi natures mortes et paysages relèvent d’un sens à la fois monumental et poétique de la structure d’une volonté de simplification qui reste vivante, d’une originalité et parfois d’une liberté d’interprétation et d’exécution qui dénotent le créateur en possession d’un métier confirmé. Dans une palette le plus souvent sombre, il réalise des accords savoureux dans leur sévérité ; un accent nostalgique adoucit la vigueur des tons exprimés par une matière d’une présence délicate. Cette peinture de corps solides possède incontestablement une âme : l’aisance et la sûreté plastique de l’artiste que confirment quelques modelages larges et sensibles lui confèrent des caractères d’autorité et d’authenticité qu’aucune évolution ne saurait remettre en question. »

Victor Hakim a écrit également:

« Torrossian est un jeune peintre qui nous revient de Paris où il a poursuivi sa préparation esthétique et technique, commencée à Beyrouth, un jeune qui doit à son âge le courage de s’aventurer dans plusieurs voies dont deux au moins se laissent facilement définir.

« Torrossian s’intéresse aux aspects de la nature vue de loin, à cette disponibilité du plein air, qui combine nuages, ciel et mer, et qu’il reconstitue en larges zones qu’il tente d’équilibrer. Ici, la vision se propose de produire un effet de synthèse qui, à mon sens, n’est pas toujours convaincante.

« Je préfère sa deuxième manière. Il s’y montre fidèle aux éléments de la réalité, tout en soumettant les structures et les détails au contrôle de la raison plastique. D’où ces formes pensées, raisonnés, au sobre coloris, d’une statique apaisante pour l’esprit. Torrossian, dans ses paysages surtout, a le sens des plans et des équilibres formels. Dans cet esprit, le Pont des Arts, les arbres et autres souvenirs parisiens.»

« Torrossian affectionne également les natures mortes et je lui sais gré de ne pas escamoter la difficulté du genre en multipliant les éléments de l’anecdote.

« Noté d’intéressantes figures féminines: « Jeune fille espagnole », « La douce Hollandaise », « Portrait sans regard ».