Rachid Wehbi

Article in French: Rachid Wehbé par l'artiste Joseph Matar

Rachid Wehbé l’excellent observateur par l'artiste peintre Joseph Matar

Adorateurs du Dieu Créateur, s’extasiant devant son œuvre… de l’aurore doux aux rougissements du soleil couchant et crépusculaire, à toutes les variations lumineuses qui transforment la nature d’un état féerique et à un autre spectaculaire émouvant, transparence d’une création en mouvement, territoire des âmes semé d’amour, ce lien entre les humains où chacun cherche sa participation dans cet océan d’images…

Divine circulation de l’esprit qui se reflète dans un paysage mental individuel… pétri de lumière…. Peuple de lumière d’espérance, de grâce, d’amour, chante les matins du monde, la grâce féminine, la poésie, la beauté, dans ce paradis d’amour.
Le mortel créa grâce à son génie l’Immortel… Homme créateur des dieux, créateur de l’infini, de l’éternité où peut aboutir ton aventure ? Pensée intelligente et ordonnatrice capable de réduire la matière en ses éléments de base… les ions, les électrons… en poèmes d’amour, œuvres d’art etc… inventions diverses etc…

Le génie s’est épanoui sur cette terre, depuis le Neandertal jusqu’à nos jours ; l’éveil de l’humanité s’est manifesté à partir de la côte orientale de la Méditerranée pour atteindre Ur et Summer en Babylonie…

L’Inspiration céleste, les prophètes, les pionniers ont bu de cette eau qui coule depuis Sannine et l’Hermon irrigant les êtres et les terres…
Le Dieu même de toute la Création s’est incarné sur cette côte. Le Verbe s’est fait chair ici, et les mots, le vocabulaire, ces accessoires véhiculant la pensée, l’histoire, la civilisation etc… ont taillé leur berceau sur le front sculpté de nos montagnes.

La connaissance a jailli de nos sources et s’est répandue dans tout l’univers. Le droit qui gère la justice entre les humains et les Nations a vu ses facultés surgir de ce Liban merveilleux, et, ridicule, on l’appela romain ; de là se fit la première conquête du monde, les uns se dirigeant vers le nord, d’autres contournant l’Afrique, ou se dirigeant tout droit pour atteindre le nouveau monde, les Amériques… partout ils installèrent leur comptoirs et leurs centres, émettant le savoir, la culture, le bien, la fraternité, un ciment qui unit tous les humains.
Ici, j’ai eu le bonheur de voir la lumière et d’être le fils de cette terre ; je ne pouvais séparer mon être de son environnement, un arbre, un rocher, une onde d’eau, la plage, les monts, les lumières… tout faisait partie de moi-même etc… me continuait. Les gens aussi étaient bons et agréables comme la nature.

Le Liban des années cinquante était tout autre que l’actuel. Il conservait encore tous ses moi qui faisaient son individualité et son charme.
L’infrastructure actuelle n’existait pas. La pollution non plus. Le terrorisme était un mot introuvable dans le Larousse.

C’est vrai : on dormait et les portes étaient ouvertes. Je me souviens que la clef de la porte principale qui donne accès à toute la maison était en permanence dans la serrure, le visiteur ou le passant, pouvait frapper, ouvrir, entrer, saluer, il se sentait chez lui. Il se trouvait très peu de maisons dans de vastes jardins plantés d’arbres différents et de légumes potagères…

Les ‘Noria’ étaient assez nombreuses ; il suffisait de creuser une dizaine de mètres, de construire en cyclopéen une paroi circulaire ou pas afin de permettre à l’eau de s’emmagasiner pour la pomper, et pour arroser les jardins. Cette eau était utilisée aussi pour la consommation ménagère ; on pouvait la boire malgré l’arrière goût un peu fade à cause de l’eau de mer qui s’infiltre dans la nappe phréatique. L’électricité venait à peine de faire son apparition, les réfrigérateurs, les lessiveuses automatiques, les fours à gaz etc… et tout l’électroménager n’avait pas encor vu le jour. Dans notre cuisine, nous avions un four à bois et à charbon qui était très agréable et pratique sur lequel on pouvait cuisiner et préparer les repas journaliers. On ne conservait ni produits, ni nourriture. Tout était frais, au jour le jour. Les gens étaient moins exigeants, et notre foi dans la grâce céleste était grande ; il y avait encor dans les esprits cette trame, cette continuité qui relie le Liban au Paradis. Le doute était absent.

Enfant, je me suis épanoui dans cette nature ; l’école était à un pas ; la boulangerie, l’église, les quelques boutiques qui formaient le marché à quelques dizaines de mètres, tout le quartier ressemblait à un grand patio intérieur, on pouvait laisser un objet au bord de la route et retourner le lendemain le prendre ; il suffisait de pousser un cri et tout le monde accourait pour s’entraider.
On n’avait pas d’horloge ; sur le clocher du village, rien que la cloche, pour les événements, la messe, les prières, l’annonce d’un décès, l’appel du curé etc… il suffisait d’entendre le son du glas : un coup, deux coups, c’était l’appel au curé qui était absent, en visite ; coups espacés c’était le décès, etc…

Quelquefois on appelait d’un village à un autre ; je me souviens, qu’un ‘ténor’ appelait de ‘Zouk’ pour annoncer une triste nouvelle (la mort du poète Elias Abou Chabké) aux habitants de ‘Ghadir’ que seulement la vallée sépare et ces derniers transmettaient le message à la localité voisine etc…

Enfant, menant la vie buissonnière, je ne me dirigeais à l’école qu’après avoir entendu le 1er coup de cloche : entre les deux alarmes il y avait 5 minutes ce qui me permettait de m’élancer à toute vitesse et de me mettre dans les rangs ; si les portes étaient fermées, il suffisait de sauter au-dessus du mur etc…

Le dessin à l’école était une matière de détente ; il n’y avait pas les enseignants adéquats. En fréquentant plus tard des ateliers et centres culturels, certains noms de peintres et d’artistes libanais m’ont intéressé. J’ai été poussé à les connaître et rencontrer… et, parmi eux, Rachid Wehbé. Je voyais ses œuvres dans les salons et expositions, des portraits surtout. Un peintre dont les bases étaient solides et qui connaissait très bien son métier. Je l’imaginais vieux, plus de soixante dix ans, et la Providence a voulu qu’un soir, on inaugurait une exposition collective au centre Italien où j’étais inscrit – il y avait une quarantaine d’artistes, entre autres Wehbé - ce dernier bavardait avec un groupe. Je l’ai repéré : à peine quarante ans ; je me suis approché de ce groupuscule et j’ai attendu le moment propice pour intervenir ; j’étais devant les trois œuvres que Rachid exposait, et dire : « Quelle belles œuvres ! » à haute voix ; il m’a entendu et m’a souri, je me suis rapproché, je l’ai salué et je lui ai expliqué mon admiration et ma surprise, je le croyais plus âgé. Ce fut ma première conversation qui ouvrit un grand chemin pour une amitié qui dura toute la vie, et un premier rendez-vous. Il m’invita à visiter son atelier.

Je l’observais. Il était un être peu expansif, un peu à l’écart, gardant ses distances, un être souriant, avec ses fines moustaches, élégant dans son costume, gestes, mouvements, le regard perçant et vif, un front accueillant qui impose la confiance, moyen de taille, peu bavard, mais réagissant dans le dialogue aux idées qui le touchent, l’intéressent… ce n’est pas l’être indifférent, il sait ce qu’il veut et où il arrive d’avance. Ce n’était pas l’aventurier, le gitan, il s’enthousiasmait aux choses qui le touchent dans la vie : la beauté, la lumière, la poésie, l’amitié, l’intérêt collectif, le côté humain, etc… ; les peintres le saluaient avec respect, je ne dis pas amour et fraternité, car même dans cette association d’artistes que Rachid présidait il y avait comme partout, des intrigants, les partis de gauches ou de droites, des intéressés etc… Rachid se déplaçait en taxi, il ne conduisait pas ; à l’époque j’étais assez jeune et je n’avais pas, de voiture, j’étais un peu intrigué par ce peintre si solide, habile, et clair. Je n’avais qu’à faire trois cents mètres pour rejoindre la Place des Martyrs et prendre un car qui me ramenait à Jounieh. Nous étions au milieu des années cinquante, une dizaine d’années, après l’armistice, et la fin de la seconde guerre mondiale. Il y avait beaucoup d’abondance et de richesses, la vie était à très bon marché, un taxi à Beyrouth pour un déplacement ne coûtait pas une livre libanaise ; partir en service, c’était quinze piastres ; un sandwich coûtait entre 15 et 25 piastres, Jounieh-Beyrouth 25 piastres etc…

Ma mère me préparait des gâteaux, des tartes, des petits fours etc… me disant : « pour les visites il ne faut jamais s’en aller les mains vides ». C’était une tradition à la maison.

Je racontai à ma mère ce dernier ‘événement’ la connaissance d’un grand artiste Rachid Wehbé, « je pense le visiter bientôt » lui ai-je dit. Les douceurs préparées, je me suis dirigé vers Beyrouth, la rue Mohammad el Houth, l’adresse était juste, et l’atelier de Wehbé était un sous-sol ; il fallait descendre un escalier d’une dizaine de marches. Je suis très bien reçu, un grand salon avec des colonnes, des dizaines de peintures de tous les côtés une lumière électrique éclaire en permanence ; j’examinais chaque détail, couleur, forme, composition ; j’écoutais ce maître ‘solitaire’ et je lui demandai « maître, et le soleil ? » il me confia, qu’il travaillait souvent dehors à la lumière naturelle. On s’est posé l’un l’autre beaucoup de questions ; je lui ai montré quelques uns de mes dessins ; je lui racontai ma nouvelle amitié avec Onsi et Corm ; je l’ai invité à venir nous voir à Jounieh etc… j’ai remarqué qu’il désirait me demander un service, mais sa timidité ne le lui permettait pas : il venait à peine de me connaître. « Maître, lui ai-je dit, quel service pourrais-je vous rendre ? » bref, j’ai répondu moi-même, car j’avais deviné sa question, (la majorité de ses portraits représentaient des vieux, des portefaix, des ouvriers etc…) le genre féminin manquait. « de belles filles à peindre, n’est-ce pas »,

- Vous déchiffrez ma pensée cher Joseph ; oui j’aimerais bien réaliser des portraits très variés de filles, de femmes etc….
On s’est donné un rendez-vous à Jounieh, dans ma maison.

Je vivais seul dans une grande et ancienne maison en compagnie de ma mère ; le hall était très vaste, la lumière abondante, le plancher en marbre. A peine arrivé, j’avais étalé un bilan de mes connaissances sur le milieu féminin ; sœurs, cousines, parentes, amies de mes amis, voisines, écolières, etc… une longue liste ; j’ai placé au salon chevalets, chaises et tout le nécessaire ; ma mère a été très heureuse de mon initiative et tôt l’après midi, vers 3 heures, c’est Rachid qui pointe ; une belle fille attendait au salon, c’était la sœur du Dr. Elie, dentiste qui était mon compagnon à l’école. Il se met au travail et en une activité record, vers 5h 30, le portrait était terminé, en une seule séance et une jolie réussite ! Quelquefois le modèle devait revenir pour une seconde pose.

Ensuite en bon professeur, Rachid venait se mettre à ma place, en quelques minutes il corrigeait mon œuvre, formes, proportions, couleurs, expression etc… ma mère offrait des douceurs, sirop, fruits etc… le taxi revenait après trois heures reprendre Rachid à Beyrouth. Ces activités ont duré plusieurs années, même après mon retour de Madrid. Rachid se sentait chez lui, souvent il déjeunait chez nous, nous étions une seule famille. Rachid en gentlemen et élégante personne, réalisait un dessin à l'encre de chine qu'il présentait à chaque fille qui posait.

J'avais une liste d'attente, de plus de cinquante noms, j'avais l'embarras du choix ce qui rendait Rachid très heureux car il savait que dans les milieux traditionnels de Beyrouth Ouest, les problèmes se posaient autrement. En réalisant des portraits à côté de Rachid, il me disait: « je te considère comme mon petit frère », et c'est vrai son amitié était sincère et pure. Rachid et moi, nous étions un porte bonheur à nos modèles, toutes les filles qu'on a peintes ont trouvé leur prince charmant et se sont mariées ce qui augmenta la liste d'attente en nombre, j'ai même trouvé des vieux montagnards exceptionnels, à peindre. Rachid se sentait un peu seul et avait besoin de mon amitié, surtout qu'on tramait beaucoup de combines autour de lui. En tant que président de l'association, il me demanda de m'intégrer dans l'association et d'être à ses côtés, nous formions un groupe très homogène avec quelques peintres amis, même Omar, et Corm qui n'ont jamais mis les pieds à l'association, venaient participer pour me faire plaisir. Avec Rachid qui me couvrait, j'ai réalisé plusieurs expositions collectives dont : le salon des fleurs, dans une galerie qui se trouvait du côté Bab Idriss, le salon du nu, le salon du portrait, et autres, mais surtout une première : un calendrier de 50 x 30cm et qui représente un artiste par mois, et comme il y en avait treize, j'ai imprimé une couverture : une aquarelle d'Omar pour couvrir les frais ; le calendrier se vendait à 10 L.L. les artistes y ont en achetant participé achetant chacun une dizaine. Rachid imposait le respect, il a toujours aidé ses collègues, généreux et bon il se sacrifiait lui-même, ses intérêts propres, son temps, et ses activités, pour servir autrui.

Il lia une amitié avec quelques filles qui avaient posé, et ils s'invitaient, il venait quelque fois déjeuner chez elles, ce qui le rendait plus épanoui.

Le paysage

Jounieh est une baie surplombée de montagnes à pic, la bande côtière est très étroite même si par endroits les champs où se trouvent des dizaines de Norias paraissent larges. Dans le temps l'agriculture qu'on pratiquait avait ses besoins, les arbres de toutes sortes étaient suspendus sur des terrasses poussées au maximum. Jounieh était une région de pêche, des centaines de pêcheurs y pratiquaient leur travail. En se promenant sur la plage, chaque dix mètres, on rencontrait des pêcheurs qui raccommodaient leurs filets, des barques partout, des vendeurs de poissons, etc… une ambiance empirique très agréable.

Plusieurs localités avaient des noms, tel : la plaine des sages, des érudits, la maison du rocher, la source du el Ghadir, Saint Foca, Saint Jean, Saint Joseph, Saint Georges etc… à part les Norias, deux sources à l’eau abondante à l’époque irriguaient la région et dont l’eau était potable : l’une au Nord-Est de la ville au pied de Ghosta, l’autre au Sud-Est contournant Bkerké.

Toutes les congrégations religieuses avaient leurs écoles et leur présence, Frères, missionnaires, moines, Saint Cœur, Sainte famille, … on venait de partout s’inscrire dans ces établissements, du Liban, de la Syrie… jusqu’au jour où l’urbanisme, le modernisme et le développement ont massacré la ville pour en faire une banlieue de la capitale : plus de plages, plus de jardins, des constructions sauvages, des routes et autoroutes, des centres de commerces etc… surtout la pollution et la destruction de l’environnement ont pris la relève… les embouteillages, le bruit, et les étrangers qui ont envahi cette localité vierge et pure…

Rachid désirait peindre quelques paysages… il suffisait de se mettre sur une terrasse pour avoir des vues merveilleuses, ou de se diriger à quelques mètres pour avoir des coins de lumières féeriques entre les oliviers et les anciennes demeures, ou les perspectives des maisons aux tuiles rouges longeant la côte et au soubassement d’arcades, ou de s’élever de quelques mètres pour observer la majeste de la baie. Nous avons ensemble réalisé plusieurs paysages de la région : Jounieh, Harissa, Ghosta, Meyrouba etc…, des forêts depuis la Jeïta et les vallées de Nahr el Kalb et d’Adonis etc…

Rachid aimait le confort, je ne dis pas le luxe, il aimait avoir une chaise, un petit support pour mettre sa palette etc… ce qui était des plus simples ; les voisins de la localité nous servaient et nous offraient le café et l’hospitalité…

Les étés, voulant fuir les chaleurs de Beyrouth, Rachid me demandait de l’emmener dans un hôtel dans la montagne où il passait une semaine à se détendre à peindre et à recevoir ses amis.

Un jour, nous nous sommes dirigés à Hasroun au Liban Nord ; mon épouse nous accompagnait ; on a peint un coin ; j’ai recommandé au personnel de l’Hôtel de prendre soin de Rachid et de lui faciliter toutes ses demandes ; Rachid me confia, qu’un serviteur de l’hôtel l’accompagnait du matin au soir (à savoir que les serviteurs dans les hôtels à la montagne n’ont du travail débordant qu’en fin de semaine). Rachid liait amitié avec tout son entourage, il aimait les gens, et était très généreux.

Il m’accompagna à Meyrouba chez les Onsi plus d’une fois, à Falougha, Hammana, Saïda etc… des fois c’était son frère Mahmoud qui se chargeait de l’accompagner dans la nature. Ce dernier aimait filmer son frère en train de peindre, et Rachid était un passionné du 7ème art. Le paysage, Rachid le vivait avec passion, sachant que c’est un état d’âme ; il simplifiait, il dégageait des lumières vaporeuses par endroits créant des effets de clair-obscur, de contraste, tel un magicien voulant épater ses spectateurs, il me disait : « Je cherche à peindre l’atmosphère, l’air, le vent, à capter toutes réverbérations, ne sentez-vous pas, cher Joseph, que le vent circule parmi mes arbres etc. ? » le vent ? L’esprit et l’âme du peintre aux quels on donne des noms : souffle, caractère, style, âme, présence etc…

Rachid était présent dans toute son œuvre cet être paisible, doux, non agressif, tolérant, aimable, généreux, fidèle dans ses amitiés et relations, sensible, honnête et sincère, à lui je peux attribuer toutes les qualités. « La mer, cette vaste étendue mouvante, ses vagues, l’horizon, voilà un sujet qui m’intéresse, » me confia-t-il ; c’était la chose la plus simple, la mer, la plage était à cent mètres de ma maison, deux minutes à pied. La plage était animée par des pêcheurs, vendeurs de poissons, de galettes, de glaces, des promeneurs, des curieux de toutes sortes…

Actuellement, la plage qui était gratuite s’est transformée en des ‘marina’, stations balnéaires, en béton et infrastructures désagréables.
Sur toutes les côtes de la Méditerranée, la mer de Phénicie, son vrai nom donné par les Pharaons depuis cinq millénaires… Sur les côtes, chaque région, localité a son plat de poissons… depuis les côtes espagnoles, Valencia où se déguste la Paella, et traversant la côte Nord-Est, l’Italie, la Grèce, pour atteindre le Liban, que de mets à base de poissons ne peut-on pas déguster ??

Rachid aimait les produits de mer ; on préparait à la maison une ‘Siyadieh’ mot qui vient du mot ‘pêche’, avec le riz et d’autres condiments… ou les poissons : frits, grillés, aux piments… etc… Une année ou deux avant son décès, Samira son épouse m’avait confié que Rachid aimait le poisson en ‘kebbé’, ce qui fut fait ; je me souviens qu’on a passé une très agréable journée. Une nourriture de base au Liban est le borghol ou blé concassé, le riz était très peu consommé, ce produit riche en amidon n’était pas apprécié et jusqu’à nos jours je connais des personnes qui n’ont jamais goûté le riz, mais ce fameux produit le borghol typiquement libanais et que les Libanais achetaient en provision pour toute l’année ; on le préparait à la maison au mois de juillet-août avec les fortes chaleurs.

Toutes les familles lavaient le blé, le séchaient au soleil, le nettoyaient, le triaient, puis dans une grande marmite on faisait bouillir ce blé sur un feu de bois durant plusieurs heures, une fois le blé bien cuit, on le versait sur les terrasses en ciment propre, on l’étendait et on le laissait sécher plusieurs jours. Venait ensuite l’opération moulin ; on chargeait ce nouveau produit, qui avait libéré beaucoup de son amidon, à dos d’âne, ou dans des voitures pour se diriger au moulin, plusieurs moulins fonctionnaient à l’énergie hydraulique ; des dizaines des personnes, enfants, vieux, femmes etc. attendaient leur tour afin de moudre ce blé et le ramener chez soi. C’est une denrée alimentaire de base dans la cuisine libanaise. Des familles emmagasinent une cinquantaine, ou une centaine de kilos dans leur greniers, le ‘borghol’ se conserve bien et il est utilisé dans de différents mets. Jadis les femmes dans les villages faisaient tout ce cycle de préparation sur le ruisseau qui les alimentait ; les hommes coupaient le bois et s’occupaient du feu ; plusieurs peintres ont traité ce sujet, le moulin… Actuellement la préparation du ‘borghol’ est industrialisée, mécanisée, les gens achètent ce produit sur le marché au besoin en des sacs d’un kilo. Une tradition qui est perdue, et qui s’est transformée en produit de consommation. Jadis tous les membres de la famille se mettaient avec amour dans tout acte ; tout travail était collectif, ce qui renforçait les liens familiaux et éloignait la ‘cohabitation’.

Rachid était heureux en notre compagnie de revivre des souvenirs nostalgiques remontant à plus de quarante ans.
J’étais autour de mes vingt ans ; j’étais un vagabond ; je commençais ma journée à Jounieh et je ne savais où je serais parachuté. Je rodais dans les rues de Beyrouth devant les vitrines, librairies, discothèques, je visitais tous les salons, les expositions, j’assistais à de nombreuses manifestations conférences, cinéma, spectacles etc… Un jour, me promenant du côté de l’avenue des Français, j’ai lu le mot ‘liquidation’ ; me dirigeant vers l’endroit, j’ai vu que c’était une librairie et discothèque. A une livre libanaise chaque pièce sur les rayons art, j’ai vu un tas de livres très intéressants, j’ai vidé tous les rayons : art, histoire, technologie… plus de deux cents bouquins, et je n’avais pas une seule livre en poche, j’ai demandé au libraire de me garder tout ce stock et que dans une demi-heure je serai de retour pour le prendre. Entre temps j’ai été à toute vitesse dans le bureau non loin d’un parent lui demandant cette énorme somme qu’il m’a avancée généreusement ; j’ai appelé un portefaix à me suivre et j’ai créé le noyau de ma future bibliothèque. J’ai raconté cela à Rachid, il me demanda de l’accompagner à l’avenue des Français, où on a trouvé encore beaucoup d’œuvres intéressantes.

Rachid était heureux d’y être. A partir de cette période j’ai compris qu’un artiste doit être cultivé et travailler beaucoup sur sa personne ; surtout que Marie Onsi me poussait à la recherche, à la culture, me passant des articles intéressants, ou Omar qui commentait les derniers best-sellers dans le domaine de l’art. Rachid lisait et écrivait l’arabe, des conférences, des recherches, des comptes rendus etc… ;

il était d’une grande sincérité et simplicité, entouré d’un cercle d’amis distingués, honnêtes, connaisseurs, chercheurs et érudits ; je rencontrai souvent chez lui Dr. Farouk el Saad, avocat de profession, passionné de culture artistique et d’histoire de l’art et de la civilisation, professeur à l’école des Beaux Arts à l’Université Libanaise, écrivain, auteur de grande valeur : à son actif plusieurs publications sur les artistes dont Rachid Wehbé, Dr. Saad Khaled Architecte, M. Chahhal, Dr. Kalagi et autres… ; les plus beaux moments de Rachid, c’étaient ses réunions avec ses amis intimes, aimables, dévoués. Rachid habitait dans un quartier populeux où l’on entend les cris des marchands ambulants, des vendeurs etc… ; ‘un marchand ambulant’, un métier très à la mode ; ne pouvant louer un magasin et dépenser une fortune comme capital, le marchand ambulant n’a qu’à charger sa ‘voiture’ des produits qu’il désire vendre : fruits et légumes, ustensiles ménagers, poissons, chaussures, habits bon marché, articles divers etc… ; le vendeur fait sa tournée annonçant sa présence. A la rue Mohammad el Hout, je rencontrais des dizaines de ces marchands, ce qui est pratique et facilite l’achat sans faire de longs trajets.

Les vendeurs ambulants ne connaissent pas le chômage ; même les jours fériés, ils sont présents et servent leurs clients.
Rachid, lui, se ravitaillait par téléphone ; le commis du marché lui assurait ses besoins, et quand il voulait donner une invitation, c’était dans les hôtels ou restaurants, ou bien il commandait à un des restaurants qui sont très nombreux de lui assurer le service à domicile.
Il présida l’association des peintres et sculpteurs presque durant toute sa vie. Il était cet être indispensable, et c’était un point ‘d’entente’ parmi les artistes ; personne n’avait le moindre délit avec Rachid.

Il était toujours à quatre épingles, d’un chic très particulier, d’un aspect rassurant : celui qui trouvait des solutions à toutes les situations. Sous sa présidence, l’association a vécu son âge d’or.

Il consacra une partie de son temps à l’enseignement et l’éducation. Il s’occupa longtemps de l’Ecole Normale et de l’Ecole des Beaux Arts à l’Université Libanaise et l’Université Arabe.

A Jounieh, le trajet était un peu long, il me demandait de le remplacer et de prendre à ma charge les heures de cours qu’il donnait.
En 1961, je dus voyager à Madrid pour poursuivre mes études et ma formation, Rachid était heureux mais aussi chagriné de cette séparation ; il m’écrivait souvent, et durant toute mon absence, il visita souvent ma mère et mon frère, exprimant son amour et son attachement envers nous.

Rachid, jeune avait passé plusieurs années en Egypte à l’Ecole des Beaux Arts où il avait obtenu une rigoureuse formation et avait connu plusieurs grands sculpteurs et peintres égyptiens, sa vie durant, il visita toute l’Europe, tous les musées ; il en gardait beaucoup de souvenirs et de nostalgies.

En ma compagnie, il visitait Omar Onsi ; on prenait le thé avec Mme Marie ; on dialoguait et on passait en revue toutes les activités culturelles dans le monde ; ou bien on se dirigeait chez Georges Corm qui nous recevait à bras ouverts ; ou bien les visites étaient dans l’autre sens : c’est moi qui accompagnais Onsi et Corm chez Rachid. Ce dernier me racontait ses souvenirs avec Habib Srour son professeur ou ses amitiés avec des peintres de sa génération : Gemayel, Douaihy, Cyr…

Il aimait marcher dans les rues de la capitale surtout le soir quand le calme se rétablit. Sur les coins des rues se trouvaient les vendeurs de cacaoettes soudanaises très pittoresques comme motif. Ils étaient debout devant leur réchaud à charbon et pour cinq piastres, ils remplissaient un cornet de cette graine racine.

Rachid sentait en son intérieur la beauté ; il était passionné pour le beau ; l’agréable ; ce portraitiste scrutait les figures et formes pour dégager des états d’âme. Il me confia un jour qu’il avait besoin d’un modèle nu ; où pourrai-je le trouver ? J’étais dans une classe de troisième chez les religieuses ; j’ai parlé de Titien, de Rubens et de leur nues jusqu’à Degas et Modigliani et j’ai laissé très subtilement passer ce mot : on trouve rarement de modèles au Liban… pourtant d’un nu, on peut faire des œuvres merveilleuses. Le même jour, la mère d’une élève me téléphona déclarant qu’elle serait enchantée de poser. Une nouvelle activité qui a rempli mon temps et celui de Rachid. Rachid venait de déménager dans une spacieuse maison : un roof bien éclairé du côté de Barbir. La première peinture fut une pose ; le modèle en question était étendu sur un divan et vu de dos.

La dame en question était accompagnée de sa fille mon élève. Rachid était aux anges. Nous réalisâmes plusieurs œuvres dans les jours qui suivirent. Plusieurs fois il passa voir les travaux de mes élèves chez les Frères. Il considérait ma mère comme sa sœur ; la voyant un peu malade et fatiguée, il vint s’installer en face de son lit et fit d’elle un portrait merveilleux.

Durant les fêtes de famille, anniversaire, naissance etc…, Rachid était toujours présent cherchant le cadeau adéquat médaille, chaîne, croix, etc… Jadis les Libanais fêtaient le jour de leur Saint patron, Saint Elie, Antoine, Joseph, Pierre etc…
Mais voulant suivre le train de la modernisation, ils abandonnèrent le Saint patron pour le remplacer par une date, dans les jours du mois. On fête un 5, un 14 mai, un 30 juillet… une évolution médiocre. Elle n’a plus de charme.

Une autre évolution positive, c’est la naissance. Dans le temps, on se fâchait quand une fille naissait, c’était une journée de deuil ; on célébrait fastement la venue des garçons. Actuellement le nouveau né est chaleureusement reçu quelque soit son sexe. La femme et la féminité gagnent du terrain surtout au Liban où l’homme et la femme sont à pied d’égalité. Cela remonte à plus de trois mille ans lorsque la fille de Pygmalion, se révolta contre son frère et avec ses partisans prit le large pour fonder Carthage.

Et jusqu’à nos jours, la femme a joué un grand rôle dans l’éducation, la famille, la société etc… et dans le cœur et l’esprit de chaque femme, quelque soit sa confession, l’idéal est Marie, la reine des cieux.

Rachid tenait ses promesses… il avait fait le portrait d’Andrée en 1963-64 et il lui avait promis que cette œuvre serait la nôtre. Après avoir exposé cette peinture sous le nom ‘du Cygne Blanc’ et qu’un collectionneur lui eut payé au début des années 90 plus de 25,000$, il refusa de vendre l’œuvre en question et me demanda de l’offrir à Andrée, lui qui n’aimait pas à se détacher de ses œuvres.
A la politique et aux politiciens, il ne s’intéressait pas du tout, il n’en parlait jamais, c’était un monde étranger au sien… Durant la triste invasion israélienne un matin, vers 5h ou 6h, Andrée me demanda : « et nos amis de l’ouest, ils doivent être très ennuyés ! » La porte principale était largement ouverte, et de là on pouvait voir les voitures circulant sur l’axe routier.

A peine dit, voilà un taxi qui s’arrête, et c’est Rachid qui descend de la voiture ; des cris de joie se sont élevés et nous avons été à sa rencontre. Juste quelques minutes après ce sont les Onsi parents, beaux fils, enfants qui pointaient plus de 15 personnes !... notre joie a doublé de voir nos amis en bon état. Dans ma maison, une chambre fut donnée à Rachid, deux autres aux Onsi, et le grand salon, et dans l’étage en dessous mon frère libéra deux chambres, et mon ami François mit à ma disposition au bord de la mer son chalet et terrasses qui était spacieux. Et voilà qu’une nouvelle existence s’organisa. Des vacances en pleine guerre !

Ihsan, Andrée, Bochra s’occupaient de la restauration, Ghassan, Mansour, … allaient assurer le pain dans les boulangeries où se trouvaient des files d’attentes ; moi j’achetais en grande quantité les produits nécessaires, légumes, viandes, fruits, laitage, œufs, etc… ; on mangeait soit au bord de la mer ou dans la maison ; mes amis nous invitaient souvent ; les enfants se baignaient ; la vie était des plus belles. Rachid peignait, ou exécutait des portraits rehaussés ou en pastel… ; moi je devais tous les matins faire un saut au chantier à Eddé ; le soir, c’était le dialogue, les comptes-rendus, les bavardages, T.V., … et quand les bombardements commençaient, tout le monde descendais dans l’abri sous la maison. Deux mois après cette aventure, et au commencement des retraits israéliens, Rachid est allé, dans sa maison, mais les Onsi, les jeunes surtout, ont opté pour la location de deux chalets dans un complexe balnéaire sur la plage non loin de Byblos, vu le grand nombre d’amis et leur plaisir de passer l’été loin de la capitale.

Rachid avait trop de soucis, et craignait qu’on vole son atelier, Samira sa future épouse qui nous contactait souvent, le rassurait ; elle passait tout son temps à garder et surveiller la maison, l’atelier. Des jours, il m’accompagnait dans mes sorties et mes courses dans la région, ou je visitais le chantier de la famille. Il était triste de voir ce cher Liban en ruine, la situation allait de mal en pis. Chez nous, Rachid ne pouvait pas s’ennuyer, à part la peinture, le dessin, la bibliothèque, il y avait toujours du monde, des jeunes avec qui il bavardait, ou se promenait, ou ils et elles posaient. Beyrouth avait repris sa vie malgré qu’elle était coupée en zones Est, Ouest, port, centre ville etc… et l’Université aussi où Rachid allait de nouveau revoir ses chers étudiants. Ayant atteint l’âge légal 64 ans, il ne pouvait plus enseigner, mais il continua à le faire une dizaine d’années en plus par le moyen d’un contrat renouvelé chaque année. Je passai le voir une ou deux fois par semaine, et j’étais toujours l’attendu et le bien venu, il me racontait ce qu’il faisait, ce qu’il avait comme problèmes, ses activités etc…

Le gouvernement, voulant l’honorer, nomma une rue à son nom, et on organisa plusieurs expositions et activités entre Beyrouth et Saïda… où j’ai donné moi-même une conférence sur l’artiste Rachid Wehbé, sa vie et son œuvre. J’ai remarqué qu’il vieillissait qu’il était fatigué : avec difficulté il montait les escaliers (car les coupures d’électricité étaient continuelles) et quand il sortait en ma compagnie il se sentait en sécurité. Un jour que Rachid était sorti pour quelques achats dans le voisinage (il était alors surveillé), un voleur prétendant être un médecin vint à toute vitesse, voir Samira, lui disant qu’il était l’ami de Rachid et pour l’occasion, il l’ausculta et lui donna une ordonnance où étaient inscrits quelques médicaments, et profitant de l’absence de Samira qui faisait du café, il emporta 5 toiles et fila à toute vitesse.

Rachid venait de rentrer, il alerta la police mais en vain. Après deux semaines et ayant perdu tout espoir de le retrouver, ce fut à moi d’agir. Une aventure dans les hôpitaux, surtout l’Hôtel Dieu de France contactant les médecins (ici des gynécologues) qui prescrivent de tels médicaments, et de surveiller de près le personnel qui les entoure (jardinier, chauffeur, serviteur etc…) et de rapprocher les ressemblances décrites par Samira concernant le voleur. En moins d’une semaine, et avec l’aide d’agents de la police on mit la main sur le voleur et on récupéra les œuvres. Mon amitié jamais troublée, Rachid me traitait comme son fils, il comptait sur moi, m’ouvrant son cœur et demandant mes opinions. Quand son petit frère Mamdouh eut émigré définitivement en Amérique, Rachid s’est vu seul, très seul ; ses amis intimes l’ont alors convaincu qu’il devait obligatoirement se marier, et que Samira était veuve, elle avait passé sa vie à le servir, etc… ; de même on put convaincre Samira de prendre Rachid comme époux et d’être à ses côtés ; Rachid à l’époque approchait les 80 ans, et ce fut un acte réussi, car Samira avait toujours aimé Rachid et elle l’avait toujours adoré. Rachid, ce généreux, cet être bon, calme, humain, dévoué…

Les deux dernières années de sa vie, Rachid peignait de moins en moins, ses mains tremblaient … Samira, bien bâtie et forte maintenait la maison toute propre et s’occupait de Rachid qui était entre le lit et l’hôpital. Je ne l’ai jamais abandonné ; je passais de longues heures à ses côtés à l’hôpital, il me disait « cher Joseph que Dieu te bénisse, c’est tout ce que je peux dire. » Je demandais aux médecins traitant de faire tout pour Rachid ; je leur disais qu’ils soignaient un grand artiste ; je demandais aux infirmières d’être toujours à ses côtés ; j’avais donné mes coordonnés à l’hôpital pour en cas de besoin, d’urgence, m’appeler.

Le jour de son décès, l’hôpital me contacta m’annonçant la triste nouvelle, Samira n’était pas au courant ; j’ai été à Beyrouth chez Samira ; on a mis son frère et ses amis au courant… ; à l’hôpital, ils ont fait le rituel nécessaire avant l’enterrement ; Samira sa femme n’avait plus le droit de le voir ; elle me supplia : « j’ai envie de l’embrasser, de le voir une dernière fois. » je passai deux journées à Beyrouth ; j’avais accompagné la dépouille jusqu’au cimetière ; je me suis rappelé de Omar le jour de son enterrement : Rachid était à mes côtés ; c’était en 1969.

Rachid avait peint dans sa vie beaucoup d’œuvres… mais entre sa maladie et son décès, les héritiers commençaient à se disputer l’héritage.
La dernière année de son vivant et à sa demande, et pour les frais des hôpitaux j’ai pu vendre correctement à des prix logiques, certaines œuvres à mes amis… Samira, analphabète, bon cœur, ignorante, vendait n’importe comment à certains profiteurs, marchands. Les œuvres, la bibliothèque, les meubles, la maison etc… tout fut partagé en la présence de certains amis de Rachid, les œuvres furent vendues et revendues et éparpillées.

L’œuvre de Rachid fut semée un peu partout et acquise par des collectionneurs et galeries.
Rachid avait dit son mot, son message : une expression pleine d’amour de l’homme et de la nation, de toute la création. Le groupe d’amis très restreint continue à penser à Rachid ; Dr. Farouk el Saad lui a consacré plus d’un volume.
Au Liban, toutes les communautés commémorent ses défunts, et vont fleurir les tombes. Les musulmans y laissent des branches de myrte, comme moi je fleuris la tombe de ma mère, en pensant à tous mes amis, Corm, Onsi, Wehbé, frère, sœurs etc… et je prie le Christ Dieu, notre Sauveur d’accueillir leurs âmes dans le Paradis.

Un proverbe libanais, un dicton dit : « celui qui a généré, ne meurt pas »…
C'est-à-dire celui qui n’a pas d’enfants héritiers, les gens l’oublient…
Je suis certain qu’un groupe très restreint pense à Rachid… nous attendons d’avoir nos musées nationaux où seront présentes toutes les générations de créateurs…
Andrée et les enfants ont été peints, (huile, pastel, fusain rehaussé) par Rachid ; envers lui, ils avaient un grand amour et beaucoup de respect.