Adel Saghir

Mon œuvre dit l'artiste, a un cachet oriental mis dans un contexte moderne

"Mon œuvre dit l'artiste, a un cachet oriental mis dans un contexte moderne"

Après avoir commencé la Médecine puis passé par les Sciences Politiques et la Philosophie, Adel Saghir a fini par arriver à la peinture et à la sculpture. Dès son enfance la boîte de couleurs était cette " boîte magique" qui le faisait "rester sage".

Il s'inscrit à l'Academie Libanaise des Beaux-arts (1952-1957) et poursuit sa formation à l'Université Américaine. En 1959 il obtient une bourse de spécialisation de deux ans à l'école des Beaux-arts de Munich.

Adel Saghir tient à souligner le rôle de la philosophie dans son art. "La philosophie, dit-il, m'a beaucoup aide à faire la synthèse de l'intellect et de l'art... J'ai choisi l'école orientale parce qu'elle est spécifiquement abstraite, que la pensée orientale même est abstraite. Le mysticisme, le soufisme, notre littérature, notre religion contiennent beaucoup d'abstractions..."

A propose de son art, il souligne que le passage d'une couleur à l'autre, d'une forme à l'autre, adopte chez lui une formulation fonctionnelle dans la composition qui était toujours négligée. Cette formulation-thème joue un rôle essentiel et on peut l'exprimer sans la concrétiser.
Parallèlement, le critique Libanais Victor Hakim écrit: "Adel Saghir a choisi de s'exprimer en termes d'abstraction en parlant des éléments orientaux du décor. Ces éléments comportent l'emploi de l'arabesque surtout curviligne mais chez Adel cette arabesque est traduite par des lignes brisées en quête d'une impossible quadrature." Il souligne que "le mérite de notre artiste consiste à s'inspirer du fonds stylistique oriental mais sans en répéter les effets... car il prolonge ses arabesques pour en extraire le maximum de recherche personnelle. Par ce joint il crée une nouvelle branche de l'art abstrait international".

C'est sur ce point qu'insiste le critique Nazih Khater lorsqu'il dit que Adel Saghir "a choisi le chemin qui passe par l'arabesque. Cette peinture dont le souci majeur est de se vouloir dans la tradition orientale, à la fois renaissance et transcription des symboles esthétiques d'hier, s'est toujours vue traitée comme un simple prolongement de l'abstrait occidental. Mais, a-t-il souligné, l'œuvre d'art se définit par le mode de sa genèse et les recherches de Adel Saghir ne peuvent que signifier l'enracinement."

En fait Adel qui a abouti à ce gendre d'abstraction, s'était mis des le départ à étudier la decoration allemande qui est influencee par l'arabesque tout en restant en dehors de son symbolisme et de sa signification. Ce sont des "images pour la contemplation" qui ont recours aux belles formes arrondies de la calligraphie arabe. Ces images sont abstraites car les lettres qui les composent ne servent pas à former des mots.

Or Adel Saghir, en renonçant aux "belles formes arrondies" pour adopter les lignes brisées, s'est de plus en plus rapproché de l'abstrait occidental. Seules ses sculptures, surtout celles en métal, restent plus proches du dessin calligraphique oriental.

Adel Saghir a commencé récemment à revenir à la composition figurative qui était à la base de ses premières œuvres scolaires. Ceci se manifeste dans son insistance à peindre le nu et à représenter le cadre de sa vie intime comme, par exemple, son studio.