poets-writers

Toufic Touma

poet and writer

Par Joseph Sokhn

Ecrivain sociologue

De Wadi Quannoubine, la vallée sainte qu'entourent les douze villages de la région de Bcharré-Ehden, les grands parents de Toufic Touma montent au XIXe siècle et se fixent a Hadeth-el-Jobbé. La vie personnelle, le caractère et l'œuvre de leur petit-fils seront placés sous le signe de ce déracinement familial, auquel peu de Libanais font exception.

En 1937, entièrement analphabète, Toufic quitte les travaux des champs qui avaient absorbé les 17 premières années de son existence. Scolarisé par hasard à cet age tardif à l'USJ, patient et dur à la tâche, il rattrape le temps perdu, obtient les baccalauréats français et libanais, les diplômés d'instituteur et de psychopédagogue, les licences en droit, en philosophie et en histoire. En 1954, il est nommé ancien élève diplômé, en sciences sociales et économiques, de l'Ecole Pratique des Hautes-Etudes (Sorbonne) et, en 1970, à l'Université de Paris, docteur de l'Etat Français des lettres et sciences humaines avec la mention très honorables.

Cette polyvalence et cette richesse culturelle, qu'un autre aurait fièrement affichées, sont absolument dissimulées dans la vie courante de cet aventurier de l'esprit sous les apparences bien simples d'une vraie modestie naturelle.

Pour bien découvrir sa réalité, il faut surprendre Toufic Touma soit dans le silence et le recueillement de sa riche bibliothèque spécialisée soit dans ses publications et son enseignement. Nous l'avons personnellement observé depuis qu'il se dévouait au service de ses petites classes de huitième et sixième à l'école officielle que nous dirigions à Furn-el-Chebbak, jusqu'à sa nomination comme professeur de sociologie à l'Université Libanaise après avoir longtemps exercé l'enseignement complémentaire et secondaire: jamais sa conscience professionnelle ne lui a permis une négligence vis-à-vis de ses élèves.

Pour lui, les études supérieures, commencées à Beyrouth et achevées à Paris, n'avaient qu'un seul objectif: une préparation sérieuse à sa carrière d'enseignant. "La jeunesse étudiante, nous confie-t-il, constitue la matière et précieuse avec laquelle se construit l'avenir. Avec les méthodes d'acquérir les connaissances scientifiques, il nous incombe de lui apprendre le sens des responsabilités, la vision des grandes réalisations inédites, la hardiesse des initiatives, le refus des combines et actions malhonnêtes, le mépris du mensonge et de l'hypocrisie, l'amour et le respect de l'authentique et du vrai; bref, toutes les qualités qui sont indispensables pour que les hommes de demain soient capables de bâtir une société nouvelle, honnête et heureuse, quels que soient son régime politique et ses choix économiques".

Il ne s'agit donc pas uniquement de façonner l'âme d'une génération et de lui transmettre le message du savoir. Il est également essentiel de lui faire prendre conscience de ses potentialités et de son pouvoir de les faire passer en actes.

A côté de ce triple et admirable idéal professionnel, cet excellent éducateur de bonne foi possède le don d'un observateur scientifique et le talent d'un écrivain artiste qui vous séduit des la première lecture de l'une ou l'autre de ses publications. Introduisant des passages "d'Un Village de montagne au Liban: Hadeth-el- Jobbe", publié par Toufic Touma, à Paris et la Haye en 1958, l'éminent penseur Ch. N. W. El-Khazen y découvrait "l'analyse profonde, l'humour savoureux, une poésie contenue et sobre qui s'impose plus souvent qu'elle ne s'exprime et une solide authenticité. Nous sommes, ici, loin des extravagances des poètes, des voyageurs et des soi-disant historiens… Nous avons sous les yeux des noms et des chiffres, et sur ce canevas de robuste réalité nous trouvons, brodée, l'image saisissante de la vie libanaise à 1450 mètres d'altitude".

Ce jugement n'est ni exagéré ni partial. Il peut être repris, intégralement, à propos de tous les écrits de Toufic Touma parmi lesquels nous citons la charmante série de sa "Documentation historique et géographique" que nous lisions avec des larmes dans les yeux sur les premières pages de la Revue Pédagogique.

Son grand ouvrage de sociologie Libanaise, publie à Beyrouth en deux volumes en 1972, sur "Paysans et Institutions Féodales chez les Druzes et les Maronites du Liban du XVIIe siècle à 1914", le place d'emblée au niveau le plus élève de l'expression scientifique et littéraire de nos auteurs contemporains.

Le plus remarquable en ce serviteur de la pensée libanaise est qu'il n'a pas oublié ses origines paysannes dont la nostalgie et le poids ont sans doute en grande partie déterminé sa vocation de sociologue de la vie rurale ainsi que son choix de passer ses congés et ses heures de repos à la culture d'un champ de légumes, dans un village de la haute montagne kesrouanaise. Le visiteur inattendu peut facilement le voir, sous le soleil de juillet, un chapeau de paille sur la tète, un livre à la main, arroser les aubergines et les tomates.

Des écrits de ce fils de paysans, travailleur agricole, professeur d'université, chercheur scientifique, écrivain doué… nous offrons à nos lecteurs des passages où l'observation de la réalité vivante ne le cède en rien à l'expression littéraire soigneusement élaborée:

D'un chapitre sur les émigrés de Hadeth-el-Jobbe:

"La place que tiennent les émigrés dans la vie affective des habitants est immense. On fait des prières pour leur réussite et leur bonne santé. Leur vie le thème favori des chantres du village. Les conversations tournent souvent autour de leur nom. Une lettre, venue d'Amérique, d'Afrique ou d'Océanie met la joie dans les cœurs pendant des semaines. On se la passe de main en main. Elle est gardée comme un objet sacré.

Les photos des émigrés trônent aux plus beaux endroits de la maison, dans les cadres dorés et argentés. Les habits qu'ils avaient portés avant leur départ restent longtemps bien gardés au fond de la malle solide de la maison.

De la mère patrie au pays d'immigration, c'est un dialogue bien émouvant qui se perpétue tout au long de l'année! Le courrier est attendu toutes les semaines avec la même impatience, la même angoisse, le même espoir.

L'horizon qui se ferme bien loin sur la mer bleue… éveille d'amers souvenirs ! Nombreuses sont les mamans qui pleurent tous les jours en le regardant d'un œil déjà a moitié éteint!..."

"Profils du village"

G.H. est né à Hadeth, en 1878. Première enfance : à l'école du village, lecture, écriture, un peu de calcul. A 9 ans, il est à Baalbeck où il aide son père à tenir une boutique. Stage de commerce. Mais bien noté. Le père a dû se rendre une fois dans son village où il fut bloqué par la neige plus de deux mois.

A son retour, une grande surprise: l'enfant avait réalisé un bénéfice net de 200 livres-or qu'il avait cachées sous un carreau du plancher pour les sauver de la curiosité d'un voleur éventuel: Sur cette somme, vraiment importante, il ne s'était même pas permis d'acheter 200 grammes de friandises dont il avait une envie folle. Le petit monsieur est habile, économe, maître de ses caprices. Ni lui, ni son père, n'avaient plus besoin d'autres tests pour savoir quelle était sa véritable vocation.

La somme gagnée lui fut laissée comme récompense. Il l'emporte et retourne ouvrir un commerce de couleurs et de grains dans son propre village.

1890: Il a 12ans. Il est, avec sa sœur aînée et son beau-frère, à bord d'un bateau, pour l'Amérique. Marseille, les îles Canaries, Porto-Rico, le Mexique. Cette petite aventure ne dure que trois ans.

1894: il rentre à Hadeth avec 80 livres-or seulement.

1895: De nouveau vers l'Amérique, avec 70 livres-or, un peu plus d'âge et beaucoup plus d'expérience. Pour 55livres-or de marchandises achetées à Marseille, et vendues a Ténériffe, il fait 220 livres et rentre à Marseille, puis à Paris ou un commerçant, d'origine libanaise, lui ouvre un crédit pour 20.000 Francs-or. Et, en route! Avec la bonne chance!
1896: Les îles Canaries. 1897: la Colombie. 1898: Paris, puis, de nouveau, la Colombie.

1899: Dévaluation de la monnaie colombienne. La ruine. La perte est de 90%. Ses dettes à Paris sont énormes. Son créancier désespère de lui et ferme son compte. Le jeune homme ne se laisse pas vaincre.
1901: Ses dettes, intérêts et capitaux, sont intégralement payées son nom inspire confiance et équivaut à une fortune de milliardaire.
1904: A New York, où de grandes maisons de commerce lui ouvrent des crédits illimités qu'il investit en Colombie.
1906-1907: Retour au Liban. Mariage avec une cousine maternelle qui l'accompagne dans son pays d'immigration.
1911: Au Liban, avec sa femme et son premier enfant. Commerce d'huile extrêmement lucratif.
1912: En Colombie.
1913: Au Liban, toute la durée de la première guerre mondiale. Commerce des grains, avec un double jeu de crédit: il prestait, au Liban, une monnaie dévaluée contre des cheques tirés par les débiteurs sur leurs parents émigrés. Ces derniers, à son retour, en 1920, lui étant reconnaissants d'avoir aidé leurs parents à sortir de la famine, payent les valeurs nominatives avec leurs intérêts, sans se préoccuper de la différence, pourtant sensible, qu'il y avait entre les sommes prêtées, en monnaie turque, et les sommes remboursées, en dollars. La fortune s'arrondit vite.
1920-1921: Il rentre ouvrir un grand commerce à Tripoli, au Liban il fait deux voyages en Allemagne, réalisant d'énormes bénéfices grâce à d'heureuses spéculations sur le mark.
1923: Eclipse à cause de la hausse inattendue de la livre-or.
1925: Voyage en Colombie. Il loue des terrains, plante des muriers, importe une magnanerie de France, et, dans l'attente de la récolte, il rentre au Liban pour y amener sa famille. On lui apprend la chute des cours de la soie naturelle". "Nous sommes toujours sur quatre chemins", se dit-il, "fixons-nous un peu". Il achète un grand immeuble à Beyrouth, retourne en Colombie, arrache le mûrier, plante de la canne à sucre et y construit une raffinerie. Pour une fois, le sucre ne fond pas. Notre compatriote est lui-même étonné de sa richesse.
1931: Son fils ainé le remplace à l'étranger et lui-même rentre à Hadeth. Il construit, à Beyrouth, un autre immeuble.
1934: Il rejoint la Colombie, ouvre un commerce indépendant à son fils, vend la raffinerie et ses dépendances. Il achète un grand bâtiment dont les loyers remboursent le prix.
1937-1945: Vie au Liban. Change très prospère.
1946-1947: Une petite excursion en Colombie… et retourna avec 65 kilogrammes d'or en lingots et poudre… En danger d'être saisi dans un port européen…, avec tout ce métal, porté sous les vêtements ou dissimulé dans plusieurs caisses remplies de vieux souliers… notre commerçant, habillé en clochard et jouant l'original, fait vœu à la Sainte Vierge, de lui reconstruire, si elle le sauvait, sa vieille chapelle en ruine à Hadeth. La divine maman s'attendrit et cède à la tentation. Le douanier-contrôleur se détourne, dégoûté, de ce sale déguenillé! Apres avoir passé en Europe le temps suffisant pour vendre son chargement et convertir son gain en chèques payables à Beyrouth, G. H., en route vers son pays, glisse 25 dollars dans la main de son sauveur inconscient. Celui-ci n'a certainement pas reconnu le méprisable clochard et ne saura jamais la cause mystérieuse de ce geste magnanime!
Depuis son retour, G. H. est un paisible citoyen de Hadeth. Il a élevé une magnifique église à la Sainte Vierge pour sa tacite et aimable complicité. Il a plusieurs immeubles et commerces à Beyrouth et à Tripoli. Comme passe-temps, il joue aux échecs et prête de l'argent à des taux variant de 15 a 20% contre des hypothèques valant plusieurs fois les valeurs garanties.
Habitué aux voyages et à l'aventure, il n'a pas l'air d'appréhender, malgré ses 80 ans, le jour ou son dernier bateau lèvera "l'ancre vers l'inconnu…"

Le temps au village:

Le temps lui-même à une certaine valeur, faste ou néfaste. Le mois de février, par exemple, malgré son "odeur d'été", est un impitoyable complice de la mort. Celle-ci choisit le plus jeune ou le plus âgé de la famille, à moins qu'on n'ait pris la précaution, des fin janvier, de tracer sur la face extérieure de la porte, à la chaux vive ou à la cendre blanche… une croix bien visible… Le taxi de la mort s'arrête là, fait demi tour, démarre. On est tranquille pour une année.

Il est déconseillé d'émonder la vigne un vendredi si le sol est humide. Les sarments auraient des boutons.

Le mois lunaire est divisé en 5 jours pleins, 5 creux, 4 pleins, 4 creux, 3 pleins, 3 creux, 2 pleins, 2 creux.

Au risque de ne donner qu'un arbre stérile, la greffe ne doit être pratiquée qu'en jours pleins. Il en est de même de la semence du concombre, des haricots, pomme de terre, courges, dont l'arrachage est réservé à la deuxième moitié du mois lunaire.

Pour protéger le bois d'une carie avant terme, la coupe d'arbre, même celle du cèdre réputé imputrescible, est faite en jours creux.
Certains événements de la vie sont, cependant, indifférents à la succession des phases lunaires. Dans la plantation de la vigne, par exemple, il n'est guère besoin de faire attention à autre chose qu'au degré d'humidité du sol. Tous les jours sont convenables pour moissonner le blé. Par contre, chèvres et brebis ne doivent être fécondées qu'en phase de pleine lune.

Les passages suivant sont extraits de "Paysans et Institutions Feudales"

"Le paysan ronge le seigneur"

"En perte de maîtrise sur l'agriculture, absente de l'industrie et du commerce, se refusant toujours à l'émigration, la noblesse d'origine aurait bientôt subi un véritable désagrégation n'eut été l'intérêt constant que lui manifestait l'administration. L'expérience, la finesse, le savoir-faire pour gouverner les hommes et tenir compagnie aux "grands", la recommandaient toujours aux dispensateurs des faveurs publiques du moutassarrifiyya, puis du mandat.

Cependant, à cause de cette désaffection vis-à-vis des professions et métiers lucratifs, la situation des notables non fonctionnaires, ou fonctionnaires malchanceux, était appauvrissante. De nombreuses lignées commençaient à souffrir d'une véritable gêne.

Leur fortune diminuait en même temps qu'augmentait leur nombre, s'élevait le niveau de vie alentour, se créaient de nouveaux besoins et s'offraient des objets variés pour les satisfaire. Réduction rapide d'un pouvoir d'achat. Grande envie de se maintenir au-dessus de la masse des consommateurs paysans. De quoi susciter, par conséquent, la vraie sensation de misère aussi matérielle que psychologique.
Cet appauvrissement avait partiellement débuté a la suite des pillages massifs durant les luttes druso-maronites, lorsque de nombreuses maisons de notables furent surprises par les bandes armées qui tuaient, incendiaient, pillaient impunément. La situation s'était aggravée, pour certains, avec le régime des caimacamas. Ils avaient perdu le droit de prélever une part de six à dix pour cent sur les impôts, en plus d'autres sources de revenu dont ils jouissaient à cause de leur pouvoir féodal. Ceux qui possédaient des terrains dans la Bekaa, comme les Bellama, en ont été pratiquement privés par le rattachement de ce district au wilayet de Damas. Churchill nous les présente déjà vers 1850 sous un jour bien triste.

Emirs et chaykhs n'avaient plus les moyens d'offrir l'hospitalité et, pour ne pas être exposés à la honte de la refuser, ils se dissimulaient à la vue des passants. Ils n'avaient plus les ressources nécessaires à l'entretien de domestiques dont leurs pères étaient entourés. A peine voyait-on un serviteur porter la narghileh d'un émir ou d'un chaykh.

Bien avant 1860, même Said Bey Jomblate, le plus riche parmi les féodaux de toutes les communautés, était lourdement endetté. On comptait parmi ses créanciers, Habib ad-Doumani, de Dayr-el-Qamar, un bourgeois de modeste origine. En 1848, Mislin rencontre plusieurs familles d'émirs vivant dans la gêne à Ghosta où elles s'étaient refugiées après le départ de l'Emir Béchir II Chéhab. Vers 1852, pour assurer les frais nécessaires aux préparatifs, cérémonies et suite du mariage de l'un des leurs, les émirs Chéhab procèdent à une cotisation. En 1854, l'Emir Abd-el-Hamid Chéhab recule devant la perspective d'un mariage désiré par lui-même et conseillé par sa famille, parce que ses rentes sont insuffisantes pour fonder un foyer. Les dettes de certains Khazen, accumulées tout au long du siècle, poussent ces notables à fonder, en 1900, une association de bienfaisance pour prendre sous sa protection les membres de la famille.
Leur cas posait un problème de conscience et, semble-t-il, de dignité à leur milieu social, pour le moins à leur ancienne clientèle paysanne.

Cela suscitait, depuis cette époque, un mouvement de solidarité humaine concrétisée par un discret appel à l'assistance. On qualifiait ces notables appauvris de "iyal mastura", de familles tombées dans l'infortune et devant être secourues par une généreuse charité et dont il était peu délicat de révéler les noms à cause du rang social qu'elles avaient occupé ou qu'elles occupaient toujours.
La solidarité était elle que les moines ouvraient dans leurs cahiers de compte une rubrique spéciale sous le titre de "bienfaits aux émirs et notables tombés dans l'indigence". Les secours se distribuaient par l'intermédiaire du haut clergé, comme l'évêque de Beyrouth qui en faisait parvenir une partie à des émirs Chéhab, par exemple. Car, ce haut clergé, pour des raisons qu'on peut facilement comprendre, avait le cœur très tendre pour cette noblesse en ruine, sur le sort de laquelle il s'apitoyait dans ses écrits".

"Ceux qui préparent l'avenir"

"Les années d'avant-guerre, 1900-1914, sont riches en promesses et progrès pour le Liban. La société rurale eut bien le temps, depuis 1861, de se préparer des cadres politiques dont les moyens d'agir sont évalués plutôt en termes culturels que nobiliaires.
Les revenus de la propriété foncière dont les familles notables ont vendu une très grande partie aux classes laborieuses, ont largement contribué à la scolarisation des enfants et à la formation d'une intelligentsia ambitieuse et dynamique.
Animée d'aspirations inhabituelles et éprise d'un idéal patriotique, cette formation sera différente de ses aînés autant par la qualité de son savoir acquis que par la conscience douloureuse qu'elle aura de la situation du pays dans l'Orient ottoman, bientôt sous mandat. Elle sera marquée par la nostalgie d'une liberté nationale et personnelle, d'une civilisation crées à l'orée de l'histoire humaine et perdue par la suite faute de force matérielle capable de la protéger contre la barbarie conquérante.
L'avenir de ses rêves sera donc une récupération de la richesse ancienne du pays et une participation aux bienfaits de la civilisation nouvelle de l'Europe. La marche que ces hommes proposent à leurs compatriotes de suivre procède d'une rationalité bien plus que d'une adaptation aux réalités concrètes. Pour atteindre ses buts, il incombe à la société de reprendre son indépendance, la liberté étant une condition indispensable à tout épanouissement économique et socioculturel harmonisé.
Par conséquent, la lutte politique s'impose comme un préalable à toutes les forces vives de la nation. Tous les moyens possibles doivent y être engagés: revendications pacifiques et rationnelles, duplicité et louvoiement, violence et, même, recours à l'intervention extérieure!