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Les Origines et le Rayonnement culturel de la première imprimerie à caractères Arabes au Liban (1733)

Prof. Joseph ABOU NOHRA - Faculté des Lettres – Université Libanaise

Le dialogue entre l’Orient et l’Occident par le moyen du livre, s’est fait vers la fin du XVe siècle après une attitude préalable de méfiance adoptée par les sultans ottamans envers l’introduction de l’imprimerie dans l’Empire(1). La ville d’Istamboul a été la première, non seulement dans l’Empire Ottoman, mais aussi dans tout l’Orient, à connaître l’art typographique. L’initiative de cette innovation revient à la communauté Juive de la ville qui, malgré l’interdiction de la Sublime Porte contre l’usage de l’imprimerie sur tout le territoire de l’Empire, avait pu obtenir du Sultan Bayezid II l’autorisation d’installer à Istamboul une imprimerie à caractères hebraïques pour promouvoir l’édition des livres religieux juifs à des prix plus abordables que ceux des manuscrits rares et chers. Le premier livre sorti sous presses (Précis d’histoire juive) date de 1490 ; soit trente cinq ans après la parution de la Bible latine de Gutemberg(2).

Durant sa longue carrière qui a duré jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, l’imprimerie d’Istamboul a fait sortir quelques livres arabes imprimés en caractères hebraïques dont, en 1551, une traduction célèbre de la Bible, faite par Saïd al-Fayyoumi(3).

Il a fallu attendre jusqu’au début du XVIIIe siècle pour l’apparition de l’imprimerie à caractères arabes dans l’Empire Ottoman, soit deux siècles après l’édition de l’Horologion melkite de Fano, le 12 septembre 1514, qui est le premier livre arabe imprimé au monde(4). La première imprimerie arabe de l’Empire Ottoman avait fonctionné à Snagov et Bucarest à la requête du patriarche orthodoxe d’Antioche. Athanase IV Dabbas et l’appui du prince roumain Constantin Brancovan, Voïvode de Valachie(5).

Quant à la première imprimerie à caractères arabes au Liban, elle date de 1733. Après avoir retracé l’histoire de cette imprimerie connue sous le titre de l’imprimerie de Zakher ou l’imprimerie de Choueïr, les archives inédites du Couvent Saint Jean de Choueïr, permettront de donner un aperçu sur son origine et son rayonnement culturel.

PREMIÈRE PARTIE : LES ORIGINES DE L’IMPRIMERIE DE ZAKHER

I- L’imprimerie de Qozhayya

Le Liban avait déjà connu l’art typographique dès la fin du XVIe siècle avec l’imprimerie du couvent Saint Antoine de Qozhayya qui eut une existence éphémère et ne fit sortir qu’un Psautier syriaco-arabe transcrit cependant en caractères syriaques, selon le système Karchouni. Dans ce couvent antérieur à 1154, a commencé l’histoire du livre imprimé au Liban(11). Cette histoire se constitue dans un échange culturel entre l’Europe et les régions arabes de l’Empire Ottoman où le clergé chrétien, de par sa formation et ses liens avec Rome, était ouvert à la culture occidentale, et le plus apte, au Liban, à assurer le lien avec l’Occident. C’est sous le double aspect de l’autonomie administrative dont jouissait le Mont-Liban de la part de la Sublime Porte, et des relations culturelles de sa population chrétienne avec l’Europe, qu’il faudrait situer l’histoire de l’imprimerie au Liban. C’est à cause de ces facteurs, et non par pur hasard, que les premières imprimeries du Liban aient été instituées dans les couvents retirés au fond des vallées profondes (Qozhayya) ou accrochés aux versants escarpés de la montagne (Choueïr) et non dans les villes marchandes de la côte où l’autorité ottomane était plus forte et les habitants chrétiens étaient minoritaires.

II- L’imprimerie arabe d’Alep

L’imprimerie de Bucarest qui avait publié le Missel (1701) et l’Horologion (livres des heures) dans les deux langues, arabe et grecque, a probablement été transférée à Alep, à la demande du patriarche Athanase IV Dabbas. Première imprimerie à caractères arabes de l’Orient, l’imprimerie d’Alep a fait paraître entre 1706 et 1711 sept livres, tous liturgiques et religieux(6). Si l’origine roumaine de la presse d’Alep n’est pas contestée, celle de ses caractères arabes l’est toujours. Schnürer, Charon et Graf pensent que le matériel et les caractères de l’imprimerie d’Alep proviennent de Valachie et que le patriarche Dabbas les aurait rapportés de Bucarest, dès son retour à Alep en 1704. Sylvestre de Sacy, Joseph Nasrallah et Virgil Candea trouvent, avec raison, une différence entre le genre de caractères de l’imprimerie de Bucarest et celui des caractères d’Alep et pensent que leur fabrication est locale(7). Nous savons qu’une biographie de Abdallah Zakher lui attribue la création de l’imprimerie arabe d’Alep : “Il en grava les matrices, les caractères et tous les instruments…”, mais il nous semble que cette affirmation est exagérée, car elle équivaut à une réinvention de l’imprimerie(8). Comment était-il possible pour Zakher qui n’avait jamais voyagé en Europe, de fonder une imprimerie de toutes pièces, « sans avoir jamais vu une, et sans qu’on lui eût au moins décrit cette installation tellement sophistiquée pour les non-initiés ? »(9).

Il est probable que le patriarche Dabbas ait ramené avec lui de Bucarest, la presse avec d’autre outils essentiels, et les matrices et les caractères furent fabriquées à Alep avec l’aide d’Anthime d’Ibère, typographe de talent qui avait la direction de l’imprimerie arabe de Bucarest et qui accompagna le patriarche Dabbas à Alep pour aider à l’installation de la presse et initier les autochtones à l’art typographique, C’est là que « Abdallah Zakher qui avait travaillé à l’imprimerie d’Alep avant de s’installer définitivement au Liban, a pu mettre en valeur ses talents d’artiste et de savant pour graver les matrices et fabriquer les nouveaux caractères qui diffèrent de ceux de Bucarest »(10). Quelques années plus tard, Zakher va profiter de son expérience d’Alep pour créer la première imprimerie arabe du Liban au couvent Saint Jean de Choueïr, maison mère de l’Ordre Basilien Coueïrite, appelé de nos jours : Couvent de Khinchara, par référence au village qui porte ce nom et qui s’était constitué autour du couvent.

III- Les sources disponibles

L’histoire de l’imprimerie du couvent Saint Jean, continue de susciter des polémiques quant à son origine et au rôle réel joué par Abdallah Zakher. Une étude critique des sources relatives à cette imprimerie, surtout les archives choueïrites (registres des comptes, Annales…) permet une nouvelle approches du sujet.

Les sources choueïrites qui se rapportent à la genèse et à la réalisation du projet de l’imprimerie sont constituées par les Annales qui retracent l’histoire de l’Ordre depuis sa fondation, et par les registres des comptes qui indiquent les dépenses faites pour la confection des matériaux nécessaires à la typographie et la reliure, ainsi que les rentrées faites par la vente des livres imprimés, avec les noms des agents de vente et des lieux ou les livres sont écoulés(12). Il y a aussi la biographie de Zakher faite par son disciple Youwakim Moutran, et la correspondance qu’il avait échangée avec le Père Fromage à propos du litige sur les origines de l’imprimerie(13), en plus d’une autobiographie qu’on lui attribue et dont l’authenticité est contestée(14).

A part les sources choueïrites il y a les sources Jésuites constituées par les Annales et la correspondance du Père Fromage, supérieur général de la Mission Jésuite de Syrie, qui avait entretenu avec Zakher une polémique acerbe après s’être approprié le mérite du projet de l’imprimerie.

IV- La vie de Zakher

L’histoire de l’imprimerie du couvent Saint Jean est liée à son promoteur et artisan le diacre Abdallah Zakher. Né dans la ville syrienne d’Alep en 1684, Abdallah est le fils de Zakariyya Sayegh(15). Il avait été surnommé « al-Zakher » (plein de science) par référence à sa grande érudition et à son habilité consommée(16). Zakher avait reçu sa formation intellectuelle dans la ville d’Alep où, avec son cousin Nicolas Sayegh, futur supérieur général de l’Ordre Choueïrite, il avait fait des études de grammaire et littérature arabes chez les cheykh Sulayman al-Nahawî (le grammairien) et des études philosophiques chez le très zélé et savant le Père Jean Baja qui les initia aux secrets de la science philosophique, théologiques et religieuse(17).

Dès son enfance, Zakher avait fait preuve d’un esprit brillant et inventeur. Il s’était distingué à l’âge de onze ans dans le métier d’orfèvre qu’exercait son père. Grand érudit, passé maître dans l’art de la sculpture sur bois et la gravure sur métal ainsi que dans la confection des bijoux, les qualités de Zakher le rapprochèrent du patriarche orthodoxe Athanase Dabbas (1647-1724) qui avait eu recours à lui dans la transcription des manuscrits, et surtout dans le travail de l’imprimerie arabe d’Alep. Ses bonnes relations avec le patriarche Dabbas durèrent jusqu’en 1720. A cette date, le patriarche qui, jusque là, entretenait de bonnes relations aussi bien avec Byzance qu’avec Rome, s’était officiellement prononcé contre le catholicisme. Zakher, en tant que champion de l’unité avec Rome, ne pouvait pas rester indifférent à l’attitude du patriarche Dabbas et à celle de quelques zélés Orthodoxe. Il fut l’auteur, en 1722, de controverses passionnées qui le désignaient à la vengeance de ses antagonistes(18).

Zakher a dû quitter Alep en novembre 1722 après le retour du patriarche Dabbas du concile de Constantinople, muni de lettres pour molester des Catholiques dont il figuraint en tête de liste(19). Il se réfugia au couvent Saint Jean de Choueïr, situé dans le Mont Liban, chez son cousin, le moine Nicolas Sayegh qui était déjà élu assistant de l’Ordre Choueïrite depuis 1720. De 1723 à 1726 Abdallah Zakher a eu un itinéraire mouvementé. Il a quitté le couvent Saint Jean en Juillet 1723 pour éviter à l’Ordre Choueïrite les vexations d’Athanase, et passa quelque temps entre le couvent maronite de Louaïzé à Zouk, chez son ami le moine Gabriel Farhat, et le couvent des Jésuites à Antoura où résidait son ami le Père Pierre Fromage. Revenu au couvent Saint Jean entre 1726 et 1728, il fut obligé de retourner de nouveau à Zouk car les moines choueïrites avaient été, à cette date, expulsés du couvent par les Orthodoxes. Durant son dernier séjour au couvent Saint Jean, Zakher avait commencé à construire une grande salle pour abriter une imprimerie qu’il projetait d’y installer. Il y retourna définitivement en 1731 et acheva la mise en place de l’imprimerie en 1733. Zakher passa au couvent le restant de sa vie à composer et à imprimer des ouvrages jusqu’à sa mort survenue le 30 août 1748.

De nous jours, l’imprimerie de Zakher au couvent Saint Jean, est transformée en musée qui fut inauguré par le Président Elias Hraoui le 12 Juin 1998. On y conserve toujours les matrices en argent massif fabriquées par Zakher, les plaques de cuivre gravées aussi par lui, et les caractères de plomb qu’il avait fondus. Le patriarche melkite Maximos IV Sayegh considère que Zakher, avec le patriarche Maximos III Mazloum sont « les deux plus grands hommes de l’Eglise Melkite à l’époque moderne(20).

Comment Zakher a-t-il pu, à lui seul, réaliser la première imprimerie arabe du Liban ? Pourquoi sa polémique avec le Père Fromage ? Quel a été rayonnement culturel de cette imprimerie ? Sont autant de questions pour lesquelles les réponses des historiens ne concordent pas toujours.

V- La polémique entre Zakher et le Père Fromage quant à l’origine de l’imprimerie

Les sources disponibles, choueïrites et jésuites ne révèlent aucun contrat écrit entre Zakher et le Père Fromage, qui puisse fixer clairement les prestations assurées par chacun dans la réalisation du projet. L’analyse des différents documents et la confrontation des deux thèses choueïrite et jésuite permettent d’établir la conception suivante sur la genèse de l’imprimerie de Choueïr.

Depuis qu’il avait travaillé comme typographe à l’imprimerie d’Alep, Zakher avait caressé l’idée d’avoir sa propre imprimerie. Il fut encouragé dans ce projet par le Père Fromage dont l’amitié est attestée par la traduction en commun de trois livres en langue arabe. Les deux hommes étaient intéressés à la création d’une imprimerie à caractères arabes en Orient pour publier des livres qui servent la cause de la catholicité. Le Père Fromage aurait promis à Zakher une presse importée d’Europe avec une aide financière, et Zakher aurait pris à sa charge la fabrication des matrices, la gravure des plaques et la fonte des caractères.

Dans une lettre adressée à un ami marseillais qui pratiquait le commerce à Sidon, en date du 21 Janvier 1826, le Père Fromage s’attribue l’initiative du projet : « Je suis occupé en ce moment, à monter les diverses pièces d’une imprimerie que je viens de faire venir d’Europe. J’ai fait graver des caractères arabes semblables à ceux dont on se sert à Rome, à la Propagande. Bientôt je recevrai des typographes habiles que le T.R. Général ne tardera pas à m’envoyer »(21). Nous ne pouvons par retenir cette affirmation car la suite de la lettre met en doute l’authenticité. Le Père Fromage y prétend qu’il n’a pas pu établir l’imprimerie au couvent jésuite d’Antoura à cause de l’exiguïté du local, et qu’il la fit transporter à Saint Jean de choueïr. Or nous savons d’après les archives jésuites, qu’entre 1723 et 1726, le Père Fromage avait été nommé supérieur général de la Mission de Syrie, et qu’entre 1724-1725, il entreprit l’agrandissement du couvent d’Antoura avec l’aide des dames nobles de la Lorainne auprès de qui il était allé quêter en 1723(22). Le Père Fromage aurait pu assurer à Antoura un local suffisant pour un projet aussi important.

Si Zakher a installé son imprimerie à Choueïr ce n’est pas parce que l’endroit y était prêt, puisqu’il a dû faire construire, à proximité du couvent Saint Jean un local spécial pour recevoir l’imprimerie(23).

Le voyageur français de la Roque qui tient ses renseignements du commerçant Truihilier croit aussi que l’imprimerie de Zakher a été établie par le Père Fromage à Antoura et qu’elle fut transportée à Choueïr faute de local adéquat. Il apparaît de ses affirmations que de la Roque était mal renseigné et même induit en erreur car il suppose que Choueïr est tout près d’Antoura et que le couvent Saint Jean est à proximité de celui des jésuites : « C’est presque la même chose, à cause de la grande proximité », dit-il(24). Or ceci ne correspond pas à la réalité, car il existe une multitude d’autres couvents plus proches d’Antoura que ne l’est le couvent Saint Jean, situé à plus de 40 Kilomères.

Quant à l’aide financière assurée par le Père Fromage, elle est citée dans une lettre qu’il adresse à Zakher : « Et votre imprimerie qui vous fait vivre et qui en fait vivres d’autres, quels sont ceux par l’entremise desquels une œuvre pareille-a-t-elle pu être réalisée ? Ne sont-ce pas les jésuites ? Ne vous ai-je pas remis 60 piastres de la part du Père Marc (Treffon), supérieure de la Mission, et quelque temps après, ne vous ai-je pas remis une somme pareille de la part du Père Gabriel ? En outre, à une époque plus rapprochée encore de nous, ne vous ai-je pas remis 166 piastres et plus ? N’est-ce pas avec ces différentes sommes que vous avez pu achever de monter votre imprimerie ? »(25).

Le total des sommes que le Père Fromage dit avoir versé à Zakher est de 286 piastres. Or ce dernier répond qu’il n’en a reçu que 78 piastres : “Cette imprimerie, de la création de laquelle vous vous prévalez avec emphase, m’a déjà coûté, avant d’imprimer une seule feuille, 1000 piasters, et jusqu’à ce jour, j’ai déjà fait des dépenses qui se montent à plus de 1500 piastres. Qu’est ce donc la faible aumône que vous prétendez m’avoir faite? Que sont vos 78 piastres à l’égard de la somme énorme que j’ai déjà dépensée? Eussent-elles suffi à créer une œuvre pareille?”(26).

VI- L’apport du Père Fromage

A supposer que la somme que le Père Fromage soutient avoir remis à Zakher lui a été réellement payée, elle aurait constitué 19% du coût total de l’imprimerie (286/1500). Si, par contre, nous considérons que la thèse de Zakher correspond à la réalité, l’aide du Père Fromage aurait constitué 5% du coût de l’imprimerie (78/1500). Ces chiffres sont éloquents pour montrer la contribution financière de chacun dans la réalisation du projet de l’imprimerie. Nous savons par ailleurs, que le Père Fromage avait aussi promis à Zakher une aide financière demandée auprès des bienfaiteurs européens, avec l’éventualité d’en retirer une partie pour les œuvres missionnaires : « J’ai un grand nombre de connaissances en Europe. Si j’en reçois des aumônes pour votre imprimerie, voulez-vous me permettre de les employer en faveur des bonnes œuvres et pour répandre les livres religieux »(27).

Zakher reconnaît au Père Fromage le secours qu’il lui avait assuré mais il reproche, en revanche, de s’être approprié le mérite de créer l’imprimerie : « Vous avez été assez audacieux pour publier partout que vous avez créé une imprimerie en Syrie »(28). Il reproche aussi au Père Fromage d’avoir recueilli des aumônes et de ne pas l’en avoir fait profiter : « Si donc vous avez pu recueillir des aumônes grâce au renom acquis par l’imprimerie, n’ai-je pas le droit de me proclamer moi-même votre bienfaiteur ? Je n’ai été pour rien dans votre abondance et comme vous ne m’en avez pas fait profiter, vous aussi, vous n’avez été pour rien dans tout ce travail qui m’a déjà tant coûté »(29).

Pour ce qui a rapport à l’origine de l’imprimerie, le voyageur Volney qui avait séjourné sept mois au couvent de Choueïr où les ateliers typographiques étaient en pleine action, loue le mérite de Zakher qui « eut le courage de former le triple projet d’écrire, de fondre et d’imprimer… Ses caractères furent si corrects et si beaux que ses ennemis mêmes achèteront son livre (le Psautier) »(30).

VII- La position des critiques

La polémique entre Jésuites et Choueïrites sur la réalisation de la première imprimerie à caractères arabes au Liban ne s’est pas limitée à Zakher et au Père Fromage. Le Père Louis Cheikho, S.J., en retraçant au début de ce siècle (1900) l’histoire de l’imprimerie en Orient, refuse à Zakher son rôle de pionnier de la typographie arabe au Liban et soutient la thèse de son confrère le Père Fromage dont l’authenticité n’a pas été prouvée jusqu’à nos jours(31). Il en est de même pour Basile Aggoula qui, dans un article publié en 1982, nie le mérite de Zakher, non seulement pour l’imprimerie de Choueïr, mais aussi pour celle d’Alep(32).

Nous pensons que l’hypothèse de Aggoula selon laquelle Zakher aurait été incapable de dessiner et de graver les matrices de l’imprimerie de Choueïr, vu qu’il manquait d’expérience et que son travail à l’imprimerie d’Alep était réduit à un simple ouvrier, est dénuée de fondement. Supposer que le silence de l’auto-biographie de Zakher sur son séjour alépin est dicté par une volonté de cacher la nature de son rôle modeste à l’imprimerie du patriarche Dabbas, n’est pas conforme à la réalité puisque Zakher avait déjà composé des articles de grande valeur scientifique, collaboré à la traduction d’ouvrages. Il était parmi les rares Chrétiens de l’époque à avoir appris la syntaxe arabe chez un cheykh musulman (Sulaymân al-Nahawi). Zakher avait déjà acquis une notoriété pour ses qualités intellectuelles et était considéré au premier rang des savants d’Alep. Est-il possible que Zakher dont les Orthodoxes d’Alep voulaient la tête à cause de sa grande science et de sa verve polémique ait eu, dans l’imprimerie du patriarche Dabbas, le rôle d’un simple ouvrier?

D’ailleurs Aggoula lui-même soutient que la situtaion matérielle de Zakher n’était pas brillante et qu’il était préoccupé à s’assurer le numériare. Si cette hypothèse est supposéee vraie, comment l’auteur peut-il expliquer que Zakher ait pu abandonner son métier d’orfèvre, de traducteur ou de copiste pour travailler comme simple ouvrier d’imprimerie et non comme typographe ou surveillant des travaux de typographie ?

Dans un article qui paraît au même recueil où figure celui de Basile Aggoula, l’orientaliste roumain Virgil Candea qui s’intéresse de près à l’histoire de la typographie en Orient, reconnaît que l’imprimerie d’Alep avait fonctionné de 1706 à 1711 sous la direction d’Abdallah Zakher »(33).

Joseph Nasrallah relève aussi le mérite de Zakher et signale que « si le Père Fromage avait eu tant de part dans la création de l’imprimerie de Choueïr, il n’aurait pas manqué de s’en prévaloir-et avec raison d’ailleurs dans sa lettre à Zakher »(34). Or nous remarquons que dans sa correspondance avec Zakher, Le Père Fromage ne s’approprie pas l’imprimerie mais rappelle souvent ses démarches, parfois intéressées, auprès de quelques bienfaiteurs pour procurer à Zakher quelque argent et l’aider à réaliser son projet.

Nous ne pouvons que nous incliner devant le génie de Zakher, son courage méritoire et son esprit éclairé. Les arguments irréfutables qu’il présente dans sa correspondance avec le Père Fromage, les Annales choueïrites et les registres des comptes ne laissent pas de doute quant à son mérite d’avoir réalisé la première imprimerie à caractères arabes du Liban, et la première peut-être, de tout l’Orient, à être fabriquée localement.

DEUXIÈME PARTIE: LE RAYONNEMENT CULTUREL DE L’IMPREMERIE DE ZAKHER

I- LES PUBLICATIONS

A l’époque de la mise en œuvre de l’imprimerie de Zakher, la science, en Orient, était avant tout religieuse, aussi bien pour le Musulmans que pour les Chrétiens. Tous les livres imprimés à Choueïr avaient un caractère spirituel ou liturgique. Les autres connaissances n’intéresseraient que des milieux restreints et continuaient d’être transmises par des groupes de copistes professionnels(35).

Volney est le premier écrivain à avoir cité les publications de l’imprimerie de Choueïr. Il en énumère seulement 15 ouvrages imprimés jusqu’à son passage au couvent en 1784, alors qu’en réalité, les archives choueïrites montrent qu’ il y avait, jusuq’à cette date, 29 ouvrages dont 8 rééditions(36).

Schnürer a cité, en 1811, 24 ouvrages alors que, l’examen chronologique des publications jusqu’à cette date, prouve que l’imprimerie avait déjà sorti 28 ouvrages auxquels il faut ajouter 14 rééditons(37).

En 1842, le Baron Sylvestre de Sacy cite seulement 30 ouvrages dont 9 rééditions, alors que le chiffre réel en est presque le double, puisqu’il s’agit de 54 ouvrages dont 23 rééditions(38). Même le Père Louis Cheikho, célèbre par son érudition, ne donne pas de chiffres exacts sur les publications de l’imprimerie de Choueïr. Il mentionne pour toute la carrière de l’imprimerie (1733-1899) 49 ouvrages dont 22 rééditions. Or l’examen des publications de l’imprimerie pour toute la période de son fonctionnement nous a permis de relever, à travers les archives du couvent Saint Jean 70 publications dont 37 rééditions.

L’examen de la liste des publications de l’imprimerie de Choueïr a révélé que seuls les chiffres présentés par Joseph Nasrallah et par le Père Athanase Hajje, sont conformes à la réalité et méritent crédit(39). Cet examen a prouvé aussi la nécessité de vérifier avec précisions les données avancées par certains voyageurs et orientalistes qui sont souvent mal renseignés.

II- LE MARCHÈ DES LIVRES

Les registres des comptes de l’Ordre Choueïrite, inexploités jusque là pour ce qui a rapport à l’histoire de l’imprimerie de Choueïr, permettent de relever que, pour écouler les livres imprimés au Couvent Saint Jean, les moines avaient un large réseau qui couvrait les principaux centres commerciaux au Liban, en Syrie et en Egypte, avec un représentant permanent à Rome qui, en plus de ses charges ecclésiastiques, s’occupait du commerce des livres. Les registres des comptes du XVIIIe siècle permettent de dresser la liste des centres et des agents commerciaux qui achetaient pour les moines tissus et denrées alimentaires, et vendaient de la soie et des livres imprimés à Choueïr :

LES AGENTS COMMERCIAUX DU COUVENT ST JEAN
A LA PREMIÈRE MOITIÉ DU XVIIIe SIECLE

Nom de la ville / Les agents
Baalbak / Père Matta
Tripoli / Le moine Bernardos
Dayr el-kamar / Monsieur Moussa
Damas / Rouphayel Traboulsi, Hanna Ibrahim et Youssef Yared
Alep / Bechara Traboulsi et les diacres : Elias Haddad, Mikhayel Sabbaagh et Zakaria Kateb
Homs / Le moine Youwakim Moutran (disciple de Zakher)
Acre / Ibrahim Sabbagh, Père Elie Sallal et son fils Hanna
Egypte / Abdallah et Nehmé Karamé
Rome / Le Moine Moussa Bitar

LES AGENTS COMMERCIAUX DU COUVENT ST. JEAN
A LA SECONDE MOITIÉ DU XVIIIe SIECLE

Nom de la ville / Les agents
Dayr el-kamar / Le diacre Mikhayel Boutros
Damas / Cheykh Hanna Sawaya, Moussa al-Arif, et le Père Cyrile Bitar
Alep / Le diacre Zakria Kateb, Le Père Mikhayel Jarbou, le Père Anatalios Akl
Homs / Le diacre Issa Ltayf
Acre / Ibrahim Sabbagh et le diacre Hanna al-Sallal
Jaffa / Salem Finan, Moussa al-Arif et le Père Cyrille Bitar
Egypte / Philippe Kasir, Saba Salem, Hanna Hajjar et Le Père Bartanios
Rome / Le moine Hanna Naccache.
Rome / Le moine Moussa Bitar

L’étude comparative de ces deux tableaux montre que les moines n’avaient plus, au XVIIIe siècle, des agents commerciaux à Baalbak et Tripoli où le commerce des livres chrétiens se faisait rare. Par contre, l’échange commercial se faisait plus actif avec la Palestine où une nouvelle agence a été ouverte à Jaffa, ainsi qu’avec L’Egypte où le nombre des représentants s’est élevé à quatre.

Les registres indiquent que le marché d’Egypte est, avec celui d’Alep et de Rome, le plus important pour la vente des livres imprimés à Choueïr :

- En 1742, l’imprimerie de Zakher a vendu en Egypte 54 livres, et les moines ont offert à des bienfaiteurs 28 livres. Les livres vendues sont : Le Psautier (23 exemplaires), Livre du mépris des vanités du monde (19 exemplaires), Le guide du chrétien (9 exemplaires) et Méditations spirituelles (9 exemplaires). Les livres offerts aux bienfaiteurs d’Egypte sont : Livre du mépris des vanités du monde (10 exemplaires), Le Psautier (9 exemplaires), Méditations spirituelles (9 exemplaires)(41).

- Les prix des livres vendus en 1742 sont les suivants :

- Le Psautier : 1.5 piastres.
- Méditations spirituelles : 1.75 piastres.
- Balance du Temps : 3.25 piastres.
- Guide du Chrétien :3.5 piastres.
- Livre du mépris des vanités : 3.5 piastres.

- En 1744, les livres expédiés par l’imprimerie à Rome sont au nombre de 31 dont 19 reliés et 12 sans reliure, ce qui prouve que certains acquéreurs préféraient les relier dans les ateliers romains.

CONCLUSION

Par le moyen de l’imprimerie, Abdallah Zakher et les Moines Choueïrites ont mis en œuvre et répandu leurs convictions religieuses. Dès sa réalisation, l’entreprise de Choueïr n’avait pas un caractère commercial. Elle a été fondée pour servir la foi catholique en Orient.

Retracer la naissance et le développement de l’imprimerie au Liban c’est raconter l’histoire religieuse et culturelle du pays à l’époque moderne. L’histoire de l’imprimerie de Zakher nous permet de relever quelques observations qui aideraient à mieux comprendre l’histoire culturelle de cette région orientale de l’Empire Ottoman au XVIIIe siècle.

1- L’importance du facteur religieux dans la conservation et la promotion de la culture chez les différents peuples de l’Empire. Les premières imprimeries de l’Empire Ottoman ont été l’œuvre de minorités juives ou chrétiennes jalouses de leur patrimoine religieux et culturel.

2- La polémique religieuse et la concurrence entre communautés, toujours néfastes sur le plan humain, ont joué au Liban, un rôle bénéfique dans la création des imprimeries à l’époque moderne. Sans la lutte d’influence entre Grecs Orthodoxes et Catholiques unis à Rome, l’imprimerie d’Alep n’aurait pas existé, et Zakher ne serait pas venu au Liban pour y installer la première imprimerie arabe.

3- Les missionnaires européens qui oeuvraient en Orient pour consolider l’union avec Rome y ont encouragé la transcription et la traduction des textes religieux. Cet essor a créé le besoin d’avoir recours à l’imprimerie pour une meilleure promotion des textes ; d’où l’apport du Père Fromage dans la création d’une imprimerie au service de la foi catholique en Orient.

4- D’un autre côté, les intérêts économiques européens n’ont pas été étrangers à la réalisation de l’imprimerie de Choueïr. Les commerçants français installés dans les villes côtières de Saïda. Tripoli et Beyrouth, voyaient dans la présence chrétienne florissante, une certaine garantie pour la réussite de leurs affaires.

5- L’histoire de l’imprimerie de Zakher met en lumière les relations culturelles qui existaient entre les régions orientales et les régions occidentales chrétiennes de l’Empire Ottoman. Bucarest qui avait imprimé des livres arabes pour les Chrétiens d’Orient, avait aussi envoyé une imprimerie à Alep où Zakher s’était initié à l’art typographique avant de venir installer sa propre imprimerie au Liban.

6- L’existence de l’imprimerie au Liban a contribué avec les écoles religieuses, à l’essor de la culture au XVIIIe siècle. Cet essor a préparé le terrain à une pleïade de savants et d’hommes de lettres libanais qui ont joué un rôle primordial dans la renaissance littériare arabe (Nahda) du XIXe siècle. Certains d’entre eux iront à Istamboul, capitale de L’Empire, pour y éditer des journaux arabes, alors que d’autres iront en Europe ou en Egypte où des journaux et des revues fondés par eux sont édités jusqu’à nos jours.

N’est-il pas d’ailleurs significatif que le Liban qui, sur les plans géographique et démographique, compte parmi les plus petits pays arabes, demeure toujours l’éditeur le plus important du Livre arabe dans le monde ?

Prof. Joseph ABOU NOHRA - UNIVERSITÉ LIBANAISE

NOTES

1- Les sultans craignaient aussi bien la falsification des livres religieux islamiques par le moyen de l’imprimerie, que la propagation de nouvelles idées subversives. L’interdiction émise par le sultan Bayezid II contre l’usage de l’imprimerie en 1485 a été renouvelée par son fils Sélim 1er en 1515.

2- Louis Cheikho, « Histoire de l’art lithographique en Orient « in AL-MACHREQ, p.1741.

3- La sublime Porte interdisait sous les peines les plus sévères, l’usage des caractères arabes. Ref. Louis Cheikho, Ibid Sabat, TARIKH AT-TIBA’A FI AS-SARQ AL-‘ARABI (HISTOIRE DE L’IMPRIMERIE DANS L’ORIENT ARABE).

4- Il s’agissait réellement d’une partie de l’Horologion contenant les heures canoniales selon le rite de l’Eglise Melkite. Le livre qui est de 120 pages non chiffrées in-octavo, est l’oeuvre du typographe venitien Grégorio de Gregoru que le pape Jules II avait largement aidé, ainsi que son successeur Léon X qui avait eu droit à une dédicasse en latin, en signe de reconnaissance. Pour la description de cette édition rarissime voir Ch. Fr. Schnurer, BIBLIOTHECA ARABICA, Halle es-Salle, I.C. Hendelli, 1811, pp. 231-234, Sylvestre de Sacy, BIBLIOTHEQUE DE M. LE BARON SYLESTRE DE SACY, Paris, 1842, I, pp.290, 412s, Cyrille Charon HISTOIRE DES PATRIARCHES MELKITES, Paris, 1910, III, p.103, Gérard Duverdier, « Kitab Salat al-Sawa’î(Horologion) », In LE LIVRE ET LE LIBAN, Paris UNESCO, 1982, P.188, N. 54. Duverdier présume que l’Horlogion avait été imprimé à Venise et non à Fano, et que Gregorio de Gregoru fut obligé d’indiquer comme lieu d’impression une localité en dehors de Venise après l’expiration d’un privilège qui lui était accordé pour l’impression de livres orientaux dans la République de Venise. Nous relevons cependant que Duverdier a commis une erreur en ajoutant dans sa note que l’auteur de la version de l’Horlogtion de Fano est un évêque melkite, car cet auteur, « Abdallah ibn al-Fadl al-Antâkî » n’est qu’un simple diacre, et l’évêque qui porte le même nom est son grand-père paternel. Cette même confusion est retrouvée chez Miroslav Krek, « The enigma of the first Arabic book printed from movable type », In NEAR EASTERN STUDIES, Vol, 38, Juillet 1979, p.p. 203- 212, où l’auteur reprend l’erreur commise par le célèbre érudit A.S. Atiya ; voir S.A. Hanna, St. John Damascene : Survey of the unpublished versions of his works in Sinaî, in MEDIEVAL AND MIDDLE EASTERN STUDIES in honor of Aziz Sourial Atiya,1972, p. 77.

5- Virgil Candea, « Dialogue roumano-libanais par le livre et l’imprimerie » in LE LIVRE ET LE LIBAN, op cit., p.286.

6- La liste des publications de l’imprimerie d’Alep est reproduite par L. Cheikho, in AL-MACHREQ, 1900, pp. 355-357.

7- apud, Joseph Nasrallah, L’IMPRIMERIE AU LIBAN, Harissa, 1949, p. 17s., Virgil Candea, op cit., p. 287.

8- La biographie de Zakher est l’œuvre de son disciple, le moine choueïrite Youwakim Moutran (1696-1766). Elle a été publiée in AL-MACARRAT, Août, 1913 ; et dans un numéro spécial dédié à Zakher, Juillet 1948, pp. 385-396.

9- Virgil Candea, op cit., P. 286.

10- Virgil Candea émet l’hypothèse que des typographes autres qu’Anthime d’Ibère se seraient rendus à Alep pour assurer une assistance technique, tels que Mihai, fils de Stephan, disciple d’Anthime, ou Syméon qui signe en grec la gravure du psautier d’Alep représentant le roi David, LE LIVRE ET LE LIBAN, p. 287.

11- Un doute plane sur la date du premier livre sorti sous les presses du couvent de Qozhaya. Etienne Evode Assemani signale dans son CATALOGUE DE LA BIBLIOTHEQUE MEDICEENNE, sous le numéro XXX : Orient, 411 (p.71) un Psautier syriaco-arabe imprimé au couvent en 1585. Le même fait est répété par Simon Assemani dans le CATALOGUE DE LA BIBLIOTHEQUE NANIENNE (p.8), où il se fait l’écho d’Etienne Evode pour attribuer la version arabe à Georges le Hadtite, évêque maronite de Chypre, et son exécution aux soins du patriarche Sarkis al Razzi et non Joseph Khater de la famille Assemani. D’autres auteurs comme Ch. Fr. Schrurer in BIBLIOTHECA ARABICA réédité à Amsterdam, 1968, pp. 351-354) ; le baron Sylvestre de Sacy (BIBLIOTHEQUE, IN> 1355), Louis Cheifho (AL-MACHRIQ III, 1900, p.252) et Joseph Nasrallah (L’IMPRIMERIE AU LIBAN, p. 2 s.) ne reconnaissait que l’existence de l’édition de 1610 car le psautier de 1585 est introuvable et son existence même est contestée. Dans un article publié en Janvier 1982, Basile Aggoula défend la thèse des Assemani et confirme qu’il y a eu deux éditions distinctes du Psautier au couvent de Qozhayya : la première est de 1585 et la seconde est de 1610. Selon lui, Schnurrer aurait commis une confusion entre deux Sarkis al-Rizzi, le patriarche et l’évêque de Damas. Son opinion erronée exprimée en 1811, passa pour une vérité que certains auteurs ont adoptée,LE LIVRE ET LE LIBAN, op cit. , pp. 297-320.

12- Il existe plusieurs copies des Annales de l’Ordre Choueïrite. La plus ancienne est celle de la Bibliothèque de l’Evêché Maronite d’Alep. (n° 1455) qui retrace l’histoire de l’Ordre depuis sa fondation jusqu’en 1764, la seconde est conservée à la Bibliothèque du couvent Saint Georges à Chîr (n° t, 20-197) et retrace les événements jusqu’en 1829. La troisième qui constitue une copie du manuscrit précédent est conservée au couvent Saint Jean de Khinshara (sans cote). La quatrième copie est conservée à la Bibliothèque des Pères Paulistes à Harissa (n°5).

13- Pour la Correspondance de Zakher, voir : Timothée Jock, JESUITES ET CHOUEIRITES, Central Falls, s.d ; pp. 351-494.

14- Adrien Chakkour, « HAL KATABA AS-SAMMAS ABDALLAH AL-ZAKHIR TARJAMAT HAYATIHI ? (le diacre Abadallah Zakhir a-t-il écrit auto-biographie ?) in HAYAT WA AMAL, n°. 9-10, Septembre 1948, pp. 13-25.

15- Les documents biographiques ne correspondent pas autant au lieu et à la date de naissance de Zakher. Son autobiographie le fait naître à Hama en 1680, alors que sa biographie assigne Alep comme ville natale et 1684 comme date de naissance. L’examen des sources choueïrites est en faveur de la seconde hypothèse. Zakher lui-même dit dans une lettre adressée au Père Fromage qu’il était né et qu’il avait passé sa jeunesse à Alep. Cf. BIBLIOTHEQUE DES PERE PAULISTES, Ms. N° 142, P. 128.

16- Fouad E. al –Boustani, « Le diacre Abdallah al-Zakher « in AL-MACARRAT, 7/1948, P.397, J. Nasrallah, op cit., pp. 18 et 26.

17- J. Nasrallah, op cit., p.6 ; Autobiographie de Zakher, In ECHOS D’ORIENT, 1908, PP. 222 ss.

18- Voir copie d’une lettre adressée par Zakher au patriarche Dabbas le 7 Août 1724, in HAYAT WA AMAL, 9-10/1947, pp. 29-38.

19- Le Concile de Constantinople (1722) avait refusé la primauté du pape et quelques enseignements de l’Eglise Catholique.

20- « Le diacre philosophe Abdallah Zakher », IN AL-MACARRAT, 7/1948, p. 358.

21- D’après ECHOS D’ORIENT, 1980, p. 284.

22- T. Joch, op cit, p.439, n°1.

23- Le local de l’imprimerie est construit sur un escarpement rocheux qui supporte une partie de la construction. Ce local bien entretenu par les Moins Choueïrites a été restauré par la Direction Générale des Antiquités. Il est composé d’un corridor (9x2m), d’un ball (6x4m), deux ateliers de travail (10x3.5m et 6x3.5), en plus d’une salle plus petite pour fondre les caractères et fabriquer l’encre.

24- De Sacy, BIBLIOTHEQUE, I, p.412.

25- Lettre adressée à Zakher en date du 22 Janvier 1740, publiée in extenso, APUD, T.Joch, op cit, pp. 357-369.

26- Lettre de Zakher au P. Fromage, en date du 22 Octobre 1740 ; ibid, pp. 370-493.

27- ECHOS D’ORIENT, 1928, p.285.

28- T. Jock, op cit, p.437.

29- ibid.

30- Volney, VOYAGE EN EGYPTE ET EN SYRIE. Paris, Mouton et Cie, 1959, p. 293.

31- AL-MACHREQ, 3/1900, p. 360 s.s.

32- LE LIVRE ET LE LIBAN, p.301.

33- « Dialogue Roumano-Libanais par le livre et l'imprimerie”, in LE LIVRE ET LIBAN, (283-293), p. 288.

34- L’IMPRIMERIE AU LIBAN, p. 32 s.

35- Basile Aggoula, op cit, p. 310.

36- VOYAGE, p. 294. J. Nasrallah, op cit., pp. 37-41.

37- BIBLIOTHECA ARABICA, cité APUD. Nasrallah, OP.CIT., p.37.

38- BIBLIOTHECA, I, p. 413 s.

39- L’IMPRIMERIE AU LIBAN, pp. 37-44, Athanase Hajje, AL-RAHBANIYYA AL-BASILIYYA AL-SUWAYRIYYA”, (L’ordre Basilien Choueïrite), 2 vols, vol. I, Jounieh 1974, vol II, Zahlé, 1978, II, p. 338 s.

40- Pour les registres des comptes, voir ARCHIVES DU COUVENT SAINT SAUVEUR A SARBA, Registres n° 1 (1723-1732), n°2 (1742-1744), n°3 (1750-1753), n°4 (1753-1756), n°5 (1756-1764), n°7 (1764-1783), n°8 (1785-1787), n°9 (1787-1811).

41- ibid, Registre n°2, p.15.

42- ibid., p. 17.

43- J. Nasrallah, op cit., p. 142.