Peintures Murales dans les Eglises Maronites Médiévales
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Lorsqu'on parle de la venue des Croisés en Orient. Chacun pense à cette longue épopée, aux fortunes diverses, que furent les tentatives de libérer les Lieux Saints de Palestine. On évoque aussi parfois les splendeurs des Rois Chevaliers en ce cadre fascinant de l’Orient.
Mais on pense moins aux chrétiens orientaux que les Croisés ont rencontrés en arrivant sur les plages de la méditerranée. Héritiers des premières communautés chrétiennes du temps des Actes des Actes des Apôtres, ils avaient, les premiers, subi le choc de l’Islam. Réfugiés dans les montagnes du Liban et d’Asie-Mineure, accrochés à leur Foi, regroupés autour de leurs prêtres, ils étaient restés fervents et fiers, malgré les persécutions et les humiliations.
A l’arrivée des Croisés, une fois habitués à leur présence, ils leur prêtèrent main forte. Bien plus quand vint le temps de la défaite, ils purent leur offrir l’hospitalité dans leurs montagnes. Vivant la même foi, ils les accueillirent dans leurs églises.
J’ai eu le privilège, au cours d’un récent séjour au Liban, de rencontrer le P. Yohanna Sader. Grâce à lui, j’ai pu découvrir d’admirables églises maronites qui sont, dans leur structure architecturale et les vestiges des fresques qui les décoraient, les témoins de ce passé. Avec lui, j’ai admiré le mystère de ces humbles monuments: à l’extérieur, ils sont intégrés dans le paysage de la montagne par leur matériau et par leur forme cubique qui les rend semblables aux autres maisons anciennes du village ; à l’intérieur, l’espace est tellement bien aménagé qu’on est saisi par l’ampleur et l’invitation à la prière.
Et l’on découvre les traces de l’influence des Croisés dans l’architecture et la décoration iconographique de ces églises maronites. Cela ouvre toute une perspective sur le vécu chrétien entre Orientaux et Latins dans l’expression d’une même Foi.
Merci chaleureux et fraternel au P. Yohanna Sader de m’avoir permis de mieux connaître cet aspect de son beau pays , le Liban.
Fr. Hubert Delesty o.f.m. cap.
Introduction
Lorsque, vers 1965, le service des Antiquités libanaises commença à s’intéresser à la restauration des anciennes églises dans les Villages de la montagne, il attira l’attention du public sur l’existence d’un grand nombre de fresques dans les églises de Bahdîdat. M’âd et Eddé Al-Batroun. Les Libanais ne se doutaient pas alors de l’importance de ce patrimoine, car il n’y avait pas dans le pays de spécialistes versés dans l’histoire de l’Art Chrétien, capables de faire des investigations sur l’origine de ces fresques, ou d’en étudier les thèmes et la signification.
A notre retour de l’Université de Louvain, ces fresques attirèrent notre attention, et trois ans durant, nous les étudiâmes assidûment et sur place. Le professeur Kalayan, alors Ingénieur du Service des Antiquités Libanaises nous secondait dans cette tâche. Durant toute cette période, nous suivîmes de près tout ce qui avait trait à l’activité archéologique, tout en nous adonnant à la lecture des ouvrages d’histoire qui font allusion à ces églises et aux fresques qui s’y trouvent. Il convient de noter d’ailleurs, que la plupart de ces ouvrages sont l’œuvre d’Orientalistes. Nous avons remarqué que les opinions sur le style de ces fresques et leur origine sont divergentes, et que certaines d’entre elles émanent de jugements hâtifs qui ne se fondent pas sur des études scientifiques suffisamment approfondies. Jusqu’alors, personne n’avait officiellement écrit, ou publié quoi que ce soit à ce sujet. Aussi nous sommes nous assigné pour tâche de mener à bien ces recherches, de mettre en évidence l’importance de ces fresques et de les étudier en détail.
Les découvertes réalisées ultérieurement par le Service des antiquités libanaises dans ces mêmes églises et dans d’autres vieilles églises enfouies sous terre, tant à Beyrouth que dans les provinces Libanaises, nous ont éclairé sur des points, ces découvertes ont mis en évidence les peintures désignées, nous autorisant à remettre en question les points de vue traditionnels adoptés jusqu’alors dans l’étude de ces fresques.
Nous avons appliqué à ces dernières, la méthode scientifique, relative à l’histoire de l’iconographie chrétienne.
Après avoir minutieusement noté tous les détails concernant les thèmes et le style de ces fresques, nous nous sommes mis à la recherche de leurs origines, Nous avons passé au crible de la discussion les jugements déjà émis quant à leur histoire et à l’identité de leurs auteurs. Puis, fort des arguments dont nous disposions, nous nous prononçâmes en faveur de ce qui nous semblait être proche de la vérité.
L’étude de la technique d’exécution et des moyens mis en œuvre pour la réaliser, est susceptible de nous aider à mieux comprendre ces fresques et à nous éclairer sur leurs origines.
Premier Chapitre
Peintures Murales
Bahdîdat
Bahdîdat est un petit village libanais situé à 550 m. d’altitude au nord-est de Byblos (Jbeil) et à 47 Km. On y trouve une vieille chapelle maronite de forme rectangulaire, mesurant 17 mètres de long sur 7 mètre de large, construite en pierre de provenance locale. Cette construction ne présente aucun raffinement et aucun artifice architectonique. Elle est orientée, et son unique entrée mène à un vestibule donnant sur la mer, à travers une arcade oriental. De l’intérieur, la chapelle est voûtée. Elle est dédiée à Saint Théodore.
Son abside est en forme de cintre, au-dessus duquel et juste au centre, se trouve une petite lucarne rectangulaire donnant sur l’est. L’autel de pierre, de forme carrée est posé sur un socle de pierre portant une inscription grecque devenue aujourd’hui illisible. Il occupe la position centrale de l’abside, et se trouve à une certaine distance du mur.
L'abside
L’abside est couverte d’un ensemble de peintures murales qui relate l’histoire du salut. Celle-ci se manifeste ici en plusieurs thèmes que l’Eglise orientale a pour habitude, depuis la fin du IVème siècle ou le début du Vème siècle de traduire picturalement. Le plus important document dont on dispose à ce sujet, est l’épître adressée en l’an 451 par Saint Nilus au gouverneur romain Olympiodor, et qui fut lue au IIème Concile de Nycée en 787.
L’histoire du salut, telle qu’elle apparût dans les peintures de l’église de Bahdîdat, se divise en deux étapes : l’Ancien Testament et le Nouveau Testament.
1- L’Ancien Testament – Les peintures qui le figurent occupent généralement l’arc du cintre, sur un fond vert où prédomine le sombre, et sont disposées selon l’ordre suivant: à gauche de la lucarne qui existait à l’origine dans la construction, on aperçoit la tête nimbée d’Abraham à la chevelure blanche et touffue, au visage muni d’une longue barbe blanche et de longues moustaches. Abraham est tourné vers la Main divine émergeant de la lucarne et entouré de petites étoiles qui symbolisent l’orbite céleste ; il est vêtu d’une longue tunique dont les détails se perdent dans la détérioration des couleurs du cintre, abîmées par l’humidité.
En bas, verticalement au- dessous d’Abraham, apparaît Isaac sous l’aspect d’un enfant aux cheveux longs et noirs, portant dans sa main droite un couteau de couleur blanche. Dans ses yeux qui regardent vers le lointain, se lisent la peur et la détresse.
Près de la tête de l’enfant du côté gauche, est dessiné un grand cercle de couleur brune à l’intérieur duquel on aperçoit une forme plus ou moins semblable à un visage humain; c’est la lune symbole de la nuit.
Derrière les personnages d’Abraham et d’Isaac apparaît l’agneau de substitution. S’il se trouve placé à un niveau différent de celui des personnages, c’est à cause de l’exiguïté de l’espace disponible de l’arcade du cintre.
A droite, on voit un visage qui faisant face à celui d’Abraham c’est celui d’un jeune homme imberbe, aux cheveux noirs et courts, tourné du côté d’un parchemin déplié que lui tend la Main divine. Il paraît extrêmement intéressé par ce don: c’est Moïse qui reçoit les Tables de la Loi. Verticalement au-dessous de la Main divine se trouve un autre cercle opposé au premier et qui encadre un visage éclatant de clarté; ce cercle représente le soleil. Entre le soleil et la lune et juste en bas de la lucarne, figure un cercle jaune décoré de pierres précieuses. La peinture qui se trouvait à l’intérieur est complètement effacée. Elle devait à l’origine, représenter la Main divine qui donne à Jésus le pouvoir de juger les vivants et les morts. Pareil thème figure dans la voûte de l’église romane de Berzé-la-Ville en Bourgogne.
Trois Chirophanies, Abraham, Isaac, Moïse, le soleil et la lune
Avec cet ensemble se terminent les peintures des figures de l’Ancien Testament annonciateur du Nouveau Testament, selon l’ordre du Plan divin.
2- Le nouveau Testament – Les peintures du Nouveau Testament commencent avec le thème de l’Annonciation. En effet, dans l’arcade du cintre , du côté gauche, et tout juste sous l’ensemble d’Abraham, d’Isaac, de l’agneau de substitution et de la lune , on voit l’image de l’archange Gabriel qui porte l’annonciation à la Vierge dont l’image se trouve du côté opposé, et au dessous de l’ensemble de Moïse et du soleil.
L’archange présente un visage jeune, aux yeux noirs et à la chevelure noire et épaisse, qui lui tombe sur les épaules, et derrières les oreilles. Sa tête est entourée d’un serre-tête princier incrusté de pierres précieuses. Il porte une longue robe bleue qui lui descend jusqu’aux pieds. Sur son épaule apparaît une aile brune, dont l’arrondi est en parfaite harmonie avec l’arcade du cintre. Il s’appuie sur un bâton noueux qu’il tient de la main droite. Cependant qu’il lève la main gauche vers la Vierge en un geste de salutation. La bouche paraît détériorée dans le dessin, ainsi que le cou, d’ailleurs. La tête est entourée d’un vaste nimbe de couleur jaune.
L'ange de l'Annonciation
Du côté opposé, se tient la Vierge. Elle est nimbée comme les autres personnages. Elle porte une robe bleue et s’entoure d’un voile pourpre qui se termine au-dessus de la tête en forme de grand voile qu’on appelle «Maphorion». Dans le regard qu’elle tourne vers l’archange, s’exprime une étrange interrogation. Elle a les mains ouvertes sur la poitrine, en recevant l’annonce de l’archange.
La Vierge de l'Annonciation
La peinture montre la Vierge assise sur un trône tapissé de tissus de couleur orange, rayés de larges bandes de couleurs différentes: elle est dans une attitude de profil, quoique sa poitrine soit vue de face ; cependant son visage est tourné vers la gauche.
A l’abside, au cul-de-four, et sur un fond vert foncé, apparaît un grand Christ qui occupe toute la hauteur de la voûte ; il est entouré de deux personnages. Il porte un luxueux habit brodé, une chemise vert clair et un voile de couleur orange presque jaune rehaussé de broderies qui lui tombe de chaque côté de la poitrine. Dessiné de face, il est de grande taille, en vertu de sa qualité de personnage principal. Sa tête est dans un nimbe crucifère de même couleur que l’habit, inséré dans un cadre blanc. Le Christ est assis sur un trône de bois incrusté de pierres précieuses, et tapissé d’étoffes, damasquinées, rayées de larges bandes parallèles dans le sens horizontal. Les couleurs varient entre le rouge et le bleu. Quand à sa forme, le trône du Christ ressemblée à celui de la Vierge de l’Annonciation. Le christ pose, sur un coussin pourpre, ses pieds chaussés de sandales délimitées par quelque ligne. Dans la peinture, ses mains ont été érodées par la forte humidité qui, au fil des ans a profondément altéré les couleurs, sa main droite est en attitude de bénédiction, avec la gauche il tient un évangile. Ses cheveux, noirs et épais, entourent son visage arrondi comme un cadre. Malgré toute cette confusion, l’image du Christ inspire encore de la noblesse et de la dignité.
La Deisis
A gauche du Christ se tient Jean-Baptiste. L’artiste le représente avec un large visage ascétique; sa tête est entourée d’un nimbe de même couleur que celui de Christ. Il a la barbe noire et longue : une chevelure noire et lisse couvre les oreilles et rejoint la barbe. Il porte une robe jaune qui tombe jusqu’à ses pieds chaussés de sandales de la même forme que celles du Christ, un voile de couleur vert foncé lui entoure l’épaule droite, et tombe de chaque côté sur sa robe. On voit ses deux mains levés vers le Christ dans geste de supplication.
Entre Jean- Baptiste et le Christ, apparaît un petit personnage au visage jaunâtre, et aux cheveux courts et tressés. Sa tête est entourée d’un petit nimbe de couleur brune, cerné d’un cadre blanc. Sous l’aisselle gauche, il porte un livre qu’il soutient de la main droite. Il regarde le Christ, tout en se tenant à moitié caché derrière son trône. Ce personnage symbolise Saint Mathieu l’évangéliste.
En bas, c’est-à-dire entre le symbole de Mathieu et Jean-Baptiste, figure un jeune homme dont on n’aperçoit que la tête entourée d’une chevelure noire flottante qui lui tombe, de derrière les oreilles sur les épaules, et au cou particulièrement long. Dans sa main droite, il porte un étendard au bout duquel est fixée une tablette de forme carrée, sur laquelle est inscrit trois fois le mot «Sanctus», en langue syriaque à caractères «estrangelo». C’est un Chérubin à six ailes, dont quatre sont abaissées et deux dressées, agrémentées d’un grand nombre d’yeux. Tout cela d’ailleurs, constitue la caractéristique de ce second rang de la première hiérarchie d’anges, appelés traditionnellement «Chérubins».
Le Chérubin
Au-dessous du Chérubin, juste au pied droit du trône apparaît la tête nimbée d’un taureau, tourné vers le Christ et symbolisant saint Luc, l’évangéliste. Il porte l’évangile.
A droite, on voit l’image de la Vierge. Elle s’oppose à celle de Jean- Baptiste, elle présente la même attitude et le même mouvement. Le corps, ainsi que la tête, sont enveloppés d’un «maphorion» de couleur vert foncé; les mains tendues vers le christ en un geste de supplication tout à fait comme celles de Jean-Baptiste. Quand aux traits de son visage, ils sont abîmés, l’humidité ayant rongé tous les détails du «maphorion».
Aux pieds de la Vierge apparaît, au premier plan à droite, et faisant face au Chérubin un jeune personnage; de la main gauche, Il porte un étendard au sommet duquel est fixée une tablette du forme carrée où est écrit, en syriaque, trois fois le mot «Sanctus». De la main gauche, il tient ses propres ailes. C’est un ange prénommé Séraphin, comme l’indique son nom écrit en langue syriaque à caractères blancs, au-dessus de la tablette carrée mentionnée plus haut. Ce Séraphin est muni de six ailes, dont les deux inférieures, croisées, lui cachent les pieds, celle du milieu, sont légèrement écartée l’une de l’autre et dressées, les deux supérieures, enfin, se tiennent également dressées et croisées plus haut que la tête. Toutes ces ailes comportent de nombreuses lignes parallèles de manière à représenter des plumes. Il appartient à la première hiérarchie d’anges, appelés «Séraphins».
Aux côtés de cet ange figure un lion dont le corps est tourné vers la Vierge, alors que la tête, nimbée, se tourne vers le christ. C’est le symbole de l’évangéliste saint Marc, dont le nom est inscrit verticalement en «estrangelo» blanc, au-dessus du nimbe. Il porte l’évangile.
Le Séraphin
Verticalement au-dessus du lion, l’aigle de Jean fait face à l’homme de saint Mathieu. Lui a également la tête nimbée, et se tient tourné vers le Christ. Il porte aussi l’évangile.
Cet ensemble de peintures au cul- de-four se compose donc du Christ entouré, à sa droite de la Vierge Marie, de l’ange Séraphin aux six ailes, et des symboles de deux évangélistes: de l’ aigle de Jean et du lion de Marc ; du côté gauche, de saint Jean-Baptiste, de l’ange Chérubin aux yeux innombrables, des symboles de deux autres évangélistes: de la tête de Mathieu qui tient son évangile à la main, et du taureau de saint Luc, qui porte aussi l’évangile.
La partie inférieure de ce premier registre de la voûte est décorée d’une chaîne de triangles pleins de décorations florales.
En bas de voûte de l’abside, au registre inférieur, figurent douze personnages couronnés de nimbes cerclés de minces cernes blancs et noirs sous des arcs outrepassés soutenus par de minces colonnes, sur des chapiteaux sans décor. Les arcs décorés d’une chaîne d’hexagones allongés semblable à celle qui décore la frise qui sépare les deux registres de la voûte, semblent être de larges traits qui encerclent les nimbes des personnages ; les lunettes formées entre les arcs sont couvertes d’un décor floral. Les personnages debout et vus de face, fixent le spectateur. Ils sont de même dimension, leur hauteur totale ne dépasse guère les 1 m. 30. Le nom de quelques uns d’entre eux est inscrit en caractères «estrangelo» noirs, dans les nimbes, et dont cinq d’entre eux portent des évangiles et les autres des rouleaux.
Les Apôtres et les Evangélistes tels qu’ils se présentent à Bahdîdat n’ont pas tous leurs noms inscrits en syriaque dans leurs nimbes, et il nous était assez difficile de découvrir leur identité. Dans le cas des évangélistes cités, le problème ne se pose pas, du fait que trois d’entre eux ont déjà des noms mais les autres personnages représentent les Apôtres. Dans la tradition iconographique, les artistes les représentaient avec des rouleaux à la main, symbole de la Loi nouvelle qu’ils ont reçu du Seigneur. Les artistes choisissent ordinairement Pierre et Paul parmi les treize et les mettent sur le premier plan. Ils sont déjà connus à cause de certains traits qui les caractérisent, alors que les autres restent souvent dans l’anonymat. Qu’est ce qui a porté les artistes à déterminer ce nombre d’apôtres à Bahdîdat et à éliminer les autres? Il y avait au VIème siècle une double représentation des Apôtre: l’une officielle et l’autre populaire et toutes deux avaient un sens symbolique. Au moyen-âge la première représentation prévalut en Occident parce qu’elle faisait partie du Canon de la Messe, alors qu’en Orient, on avait recours à la deuxième.
Ainsi la liste des Apôtres à Bahdîdat est conforme à la tradition populaire que les moines artistes ont adopté à l’époque de l’iconoclasme.
On reconnaît de droite à gauche:
1- L ’Apôtre Thomas: Jeune, imberbe, chevelure noire et courte, chaussures blanches. Il est vêtu d’une tunique talaire rouge brun, à encolure carrée, couverte d’un manteau gris passant par les deux épaules, mais laissant libre la main droite qui se pose sur la poitrine, et dont la manche est ornée de pierres précieuses. Il tient un rouleau fermé.
ApôtreThomas
2- L’Apôtre Bartholomée: Visage d’homme d’âge mûr, barbe châtain taillée en rond, et une courte chevelure de même teinte. Il est vêtu d’une tunique grise et d’un manteau orange passant par les épaules, mais laissant libre la main droite qui se pose sur la poitrine et dont la manche est ornée de pierres précieuses. Il tient un rouleau fermé.
Apôtre Bartholomée
3- L’Apôtre André: Un vieillard, vêtu d’une robe grise à encolure carrée, et un manteau de couleur rouge foncé. La main droite posée sur la poitrine. La manche est ornée de pierres précieuses. Il a une barbe blanche à pointe et une chevelure blanche hirsute qui descend jusqu’au cou par derrière les oreilles. Il tient un rouleau fermé.
4- L’Apôtre Jean: Homme jeune, imberbe, petite bouche et nez aquilain, cheveux noirs courts coupés ras et tête nimbée. Il est vêtu d’une tunique rouge à encolure carrée, sur laquelle passe un manteau gris sur un fond châtain. Il lève la main droite devant sa poitrine en joignant l’annulaire au pouce, et porte un évangile rouge orné de pierres précieuses. La peinture de la manche est abimée.
5- L’Evangéliste Marc: Homme dans la force de l’âge, le visage rond encadré de chevelure noire qui tombe derrière les oreilles, barbe courte et noire. Il est nimbé et son nom est inscrit verticalement en caractères «estrangelo» dans le nimbe. Il est vêtu d’une tunique brune à rayures et à encolure carrés et d’un manteau brun foncé laissant libre la main droite en attitude de salutation. Il porte un évangile dans la main gauche endommagée.
6- L’Apôtre Pierre: Un vieillard, au visage rond entouré d’une chevelure bouclée, yeux noirs et nez aquilain, le regard triste et inquiet. Son nom est inscrit verticalement dans le nimbe en caractères «estrangelo» noirs. Il est vêtu d’une tunique brune à encolure carrée. Son manteau jeté sur ses épaules est brun clair. Il lève la main droite devant la poitrine en joignant l’annulaire au pouce. Une partie de la main gauche, apparaît au-dessous d’une tâche noire où figurait un rouleau.
7- L’Apôtre Paul: Un homme dans la force de l’âge, visage rond mais complètement endommagé, la tête chauve et nimbée. Des ses vêtements détériorés on ne voit que la forme et un évangile posé sur la poitrine.
8- L’Evangéliste Luc: Un homme dans la force de l’âge, tête allongée et barbe grise pointue, rasé à gras, il porte une tonsure. Il est revêtu d’une tunique brune à encolure carrée, sous un manteau gris qui cache les épaules et couvre seulement les deux tiers de la tunique, laissant libre la main droite joignant l’annulaire et le majeur au pouce. La manche qui cache le poignent est ornée de pierres précieuses. Il porte un évangile dont la couverture est ornée d’une croix en entrelacs avec un losange à double trait au milieu.
9- L’Evangéliste Mathieu: Un vieillard nimbé, le visage orné d’une longue barbe en pointe qui dépasse l’encolure de la tunique, et d’une chevelure hirsute qui repose sur deux oreilles allongées. Il est vêtu d’une tunique brune à encolure carrée et d’un manteau rouge qui passe sur la tunique, laissant libre la main droite à manchette décorée de pierres précieuses. Il lève la main droite devant la poitrine en joignant l’annulaire au pouce. Il porte un évangile orné sur les contours, de pierres précieuses.
10- L’Apôtre Simon: Homme d’âge mûr, barbe brune et chevelure courte de même teinte: vêtu d’une tunique rouge et d’un manteau châtain suspendu sur son épaule gauche, au-dessous de la main qui tient un rouleau. Sa main droite est en attitude de bénédiction. Il joint l’annulaire et le majeur au pouce. Les yeux sont endommagés ainsi que le nez. La partie inférieure gauche du nimbe est détruite légèrement.
11- L’Apôtre Jacques: Un vieillard, à longue barbe et courte chevelure; dans le nimbe de la tête est inscrit son nom verticalement en caractères «estrangelo» noirs. Il est vêtu d’une tunique rouge à encolure carrée et un manteau de même couleur qui se pose sur la poitrine et dont la manche est ornée de pierres précieuses. L’annulaire est joint au pouce. Il tient un rouleau fermé. Le visage est endommagé ainsi que la poitrine et la partie supérieure du nimbe.
12- L’Apôtre Philippe: Approximativement de même âge que Jean et lui ressemble, cheveux courts coupés ras. Il est vêtu d’une tunique rouge à encolure carrée et d’un manteau gris. Il a la main droite posée sur la poitrine dont la partie gauche est endommagée.
C’est une admirable variété que celle qui se manifeste dans la forme de ces personnages, en effet, on y voit le vieillard aux cheveux blancs, l’homme d’âge moyen, à la chevelure et à la barbe noires, et le jeune homme imberbe. Les évangélistes et Saint Paul portent des évangiles, les autres des rouleaux, mais tous les portent dans leur main gauche, pendant que leur main droite demeure, soit au repos sur la poitrine, soit levée en un geste de bénédiction. Leurs soutanes et leurs manteaux présentent une grande diversité de formes et de couleurs. Il y en a de tellement simplifiés qu’on les croirait faits d’une seule pièce tandis que d’autres sont plutôt faits d’ondulations et de plis. Mais, tous tombent jusqu’aux pieds. Quant aux couleurs, elles sont variées, on y voit aussi bien le bleu clair et le bleu foncé ainsi que le rouge et le pourpre, l’orange pâle et le vert clair, mais toutes sont liées entre elles avec une harmonie parfaite, et forment ainsi avec l’ensemble des peintures une véritable unité artistique.
Le peintre a dû employer dans l’exécution de cet ensemble le procédé de la confrontation qui constitue la méthode conventionnelle dans l’Orient Ancien , et en particulier chez les Parthes, adorateurs de Mythra, lesquels s’étaient installés à Palmyre, à Doura-Europa et à Hatra, puis à l’époque moderne, à Constantinople et à Ravenne. Ce procédé de confrontation constitue l’expression d’une relation directe, déterminée, avec le spectateur. Il exige que le public respecte les personnages et que ceux- ci manifestent leur respect à son égard.
Cet ensemble de peintures dans la voûte de l’abside, constitue un thème iconographique célèbre dans l’art byzantin, à savoir le «Deisis» c’est-à-dire «Supplication», qui d’habitude représente un groupe de saints en supplication, que guident la Vierge Marie et Jean-Baptiste à l’heure du jugement dernier. Ce thème iconographique est demeuré en honneur à Byzance et en Russie jusqu’à la fin du moyen-âge.
Sur les murs de l’abside de part et d’autre de la voûte, se trouvent quatre dessins principaux: en bas de l’arcade, à gauche, au-dessous de l’ensemble d’Abraham d’Isaac et de l’archange Gabriel, figure un personnage peint de face, sur un fond vert foncé. C’est le prophète Daniel. On lit son nom écrit à gauche en syriaque en caractères «estrangelo» blancs, il porte une robe rouge incrustée de pierres précieuses. Il a la tête ronde, le nez fin et de grands yeux. Sa chevelure noire est courte, dans un nimbe de couleur jaune, et cerné d’un cadre blanc et noir.
Devant Daniel, se trouve une coupe noire dont on ignore pratiquement l’utilisation. Il se peut, que le peintre ait imaginé Daniel dans la fosse aux lions, ayant devant lui, la nourriture que lui eût apporté le prophète Habacuc (Dan 14, 36).
Sur la paroi gauche, à l’angle inférieur, l’image du martyr Théodore. Il est né à Amacia dans le Pont, où il est connu comme soldat romain. Il a subi le martyre au temps de Dioclétien et Maximien au début du IVe siècle. Dans le calendrier Maronite, sa fête se célèbre le 8 février, et dans le calendrier latin le 9 novembre. Une miniature serbe du XIIIe siècle le représente écrasant sous ses pieds les queues de trois serpents. Au VIe siècle, il est représenté dans une mosaïque commandée par le Pape Félix IV, à l’église des Saints Côme et Damien à Rome. Il a sa statue à la cathédrale de Chartres, qui remonte au XIIIe siècle. C’est une admirable effigie de croisé du temps de saint Louis, avec l’arc, la lance et le bouclier. A Bahdîdat, il est représenté assis sur un cheval dont il tient la bride de la main gauche, tandis qu’il tient la main droite levée. Le cheval brun est dans une attitude de marche; quand à Théodore, assis de face, il porte des vêtements royaux et un manteau de guerrier. Il a la tête ovale couronnée de cheveux noirs et courts qui ne descendent pas plus bas que les épaules, laissant paraître les oreilles. Sa barbe est courte et taillée en pointe. Son nimbe est de couleur jaune, inscrit dan un cercle à deux lignes dont l’une noire et l’autre blanche.
Le corps de Théodore tranche sur un fond de couleur verte détérioré, à cause de l’humidité. A sa gauche, sur l’arrière fond, est un quart de cercle bariolé de larges ascendantes, de diverses couleurs ; il représente le bouclier que le guerrier martyr avait pour habitude de porter.
Dans l’angle, on voit une tendue vers le saint, elle lui fait signe avec deux doigts; c’est la Main divine qui lui vient en aide. Sous ses pieds, on aperçoit une tête dessinée mais détériorée, cela pouvait être d’un adversaire ou bien celle d’un personnage, qui reste d’une ancienne fresque cachée par la nouvelle. Directement au- dessous de la tête du cheval, on voit l’image d’un personnage de petite taille, barbu, et coiffé d’un turban noir. Il tend la main en un geste de supplication vers le saint, alors que son corps est caché par les deux pattes antérieures soulevées, du cheval.
Cette peinture est abîmée du côté est, par l’ouverture de la fenêtre pratiquée dans la paroi nord de l’église.
Sur le mur de droite, en face de l’image de Théodore, on voit l’image de saint Georges.
A Bahdîdat, il est représenté de face, monté sur son cheval blanc, tenant la lance de la main droite et la bride de la main gauche. Il est imberbe. Sa tête ovale, couronnée de cheveux noirs est nimbée. Les yeux sont complètement endommagés et les sourcils en forme d’arc sont récemment restaurés. Il porte une tunique et un manteau de guerrier richement décorés.
Né en Pamphylie. C’était un soldat chrétien, mort pour la foi au temps de Dioclétien vers l’an 304. Dans toutes les communautés chrétiennes, on lui a dédié des monastères et des églises. Dans l’iconographie, saint Georges fut adopté par les Croisés en Terre Sainte. Après par la prise d’Antioche, monté sur un cheval blanc, saint Georges serait venu avec les saints militaires Démétrius et Mercure au secours des Croisés et aurait mis les Sarrasins en fuite. Il passa dès lors pour modèle de toutes les vertus chevaleresques. Son culte fut introduit en Occident antérieurement au XII e siècle.
Au-dessous du cheval, et en bas, apparaît la fille du roi, on voit derrière elle la mer avec sa faune. Saint Georges, entoure de son bras gauche la taille d’un enfant qui porte dans sa main droite, un calice, et dans sa main gauche une aiguillère. Ce serait, selon la tradition, un enfant enlevé autrefois par les ennemis et que le saint aurait rendu à sa mère. Ce détail inconnu à l’art d’Occident s’inspire de l’iconographie byzantine.
Sur le mur de droite, en bas de l’image qui représente la Vierge de l’Annonciation, on voit celle de saint Etienne face à celle de Daniel le prophète; et son nom «estrangelo», de couleur blanche dans un nimbe. Etienne a la tête arrondie, la chevelure est tonsurée en forme de couronne, dans un nimbe de couleur jaune pâle inséré dans deux cadres contigus, et se détache sur un fond rongé par l’humidité. A côté de ces peintures on avait trouvé, autrefois, une grande fresque représentant la «Dormition» il n’en reste aujourd’hui aucune trace, mais on trouve sa description dans le rapport établi par Charles Diehl, et présenté à l’Académie des Inscriptions et des Belles lettres à Paris.
Restent les croix de lorraine qui figurent insérées dans des cadres rectangulaires, l’une sur les parois ouest de l’Eglise et les deux autres sur les parois sud et nord. Ces croix étaient cachées avant la restauration des fresques, puisqu’aucune des études antérieurement publiées, n’en fait mention.
Youhanna Sader Oam