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Musique - L'ensemble Mayal ou l'éloge de la musique orientale

L'ensemble Mayal voit le jour en août 2010 et rassemble de jeunes libanais réunis par un même intérêt: la musique classique arabe. Mayal tient son origine de l'arabe qui veut dire "penchant vers le tarab", et c'est l'un des rares groupes libanais à s'aventurer dans le champ de la musique traditionnelle savante (La musique savante arabe rassemble la musique populaire et traditionnelle de l'Egypte - Epoque de la Nahda du XIXe siècle, la musique religieuse islamique et byzantine, la musique aleppine, ainsi que la musique turque ou ottomane). Nous pouvons citer le groupe Aseel de Mustapha Saïd.

Mayal est formé de musiciens de l'Ecole de musique des pères antonins: Jad Saliba ou oud, Abed Kobeissy au bouzouk, Lamia Yared et Youmna Saba au chant et Najial-Aridi au riq. Les 5 artistes accompagnent Daline Jabbour, diplômée en chant classique arabe de l'Ecole de musique des pères antonins également. Le groupe est rejoint quelquefois par le violoniste Ahmad Shebbo.

Le répertoire de Mayal revisite le répertoire classique arabe des XVIIIe et XIXe siècles et reprend de même des chants populaires du siècle dernier. Le déroulement des concerts suit un cheminement spécifique. Le concert commence par un système modal qui se base sur l'interprétation herméneutique des compositions. L'interprétation n'est donc pas textuelle, mais fidèle à l'âme de la composition. Des suites modales s'enchainent par la suite, plus communément appelées "wasla modale", et les mouwachahat sont chantées en langue arabe littéraire. Les mélodies pré-composées passent rapidement à l'improvisation, sans rythme et avec chant. Vient le tour du "dawr", forme musicale égyptienne chantée dans la langue populaire du pays, pré-composée puis instantanée et de la qasida, mélodie improvisée sur un texte de poésie arabe classique.

Avec déjà cinq concerts à leur actif, ce jeune groupe rencontre de bons échos. Se produisant en moyenne une fois par mois au Zico House, il s'attire la curiosité d'un public de plus en plus jeune. D'autres concerts peuvent voir la collaboration d'artistes invités, comme la représentation du 23 février au Théâtre le Tournesol auquel participera l’oudiste et violoniste turc Nicolas Royer-Artuso qui mettra en valeur le lien entre les traditions turque et arabe influencées par l'Empire ottoman.

Les difficultés que rencontre le groupe remontent au nombre décroissant de personnes sensibles à l'arabe littéraire et qui l'apprécient à sa juste valeur. L'audience beyrouthine percevrait, selon Abed Kobeissy, la musique savante comme "exotique", ce qui n'est pas le but recherché du groupe. Les jeunes musiciens se donnent un an pour s'ancrer de pied ferme dans le monde de la musique arabe classique, le sérieux et l'harmonie dans le groupe étant les deux ingrédients de base de leur continuité.

Grace Barmaki (Agenda culturel du 23 février au 8 mars 2011)