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Arabcity, 9 regards sur l’identité Arabe au B.E.C

Ils viennent de Palestine (Via Chypre) ou Boston, de Syrie, d’Egypte, du Liban ou du Maroc. Entre devoir de mémoire et dénonciation des clichés, à travers l’art conceptuel ou la calligraphie, la photo, la vidéo ou le pop art, neuf artistes ont interrogé leur « arabitude » au Beirut exhibition centre.

Malgré une langue, une histoire et souvent un espace géographique collectifs, y a-t-il une identité commune entre les 22 pays polymorphes qui constituent le monde arabe? C'est la question qu'a posée Rose Issa, la curatrice de cette exposition très "food for thought" aux artistes sélectionnés. Présentée en version réduite l'été 20I0 à Liverpool au Bluecoat arts centre, "Arabicity" était donnée à voir au BEC jusqu'au 3I octobre. Dans le magnifique espace muséal que recèle cette architecture en écrin de chrome ou se reflète la ville, on était d'emblée accueilli par une immense calligraphie de Fathi Hassan, peinte à même le mur du centre: "Ourouba wa i'rab", Arabité et grammaire? L'arabité, ou comment l'exprimer. Le ton est donné. Le parcours invite le visiteur à une contemplation quasi-initiatique. Au bout de celle-ci, avec autant d'humour que de douleur, les talents conjugués des neuf artistes conduisent à une conclusion: entre héritage et fusion, l'art est le dernier refuge de l'identité arabe.

BASEL ABBAS ET RUANNE ABOU-RAHME

Tous deux Palestiniens, nés en I983, Basel à Nicosie et Ruanne à Boston. Basel a fait des études d'ingénieur du son entre Glasgow et Londres et Ruanne a obtenu un M.A en filmographie à Londres. Tous deux sont retournés vivre à Ramallah ou ils travaillent souvent ensemble. Leur installation vidéo, "Collapse" (Effondrement) présentée au BEC, a été créée à partir d'un montage de films et d'images d'archives de la Palestine où se promène la silhouette fantomatique d'une jeune femme. Traversant les époques et les lieux, cette image symbolise l'empiétement de l'histoire sur les trajectoires individuelles.

BUTHAYNA ALI

Née à Damas en 1974, diplômée de l'Ecole nationale supérieure des Beaux Arts de Paris, titulaire d'une maîtrise en histoire de l'art islamique, enseigne actuellement à l'université des Beaux Arts de Damas. Son installation au BEC, sous le titre "We", représente des balançoires rudimentaires en caoutchouc et chanvre. Celles-ci sont suspendues de façon précaire au dessus d'une sorte de bac à sable et éclairées chacune d'un spot. Chacune des assises porte un mot calligraphié en blanc. Vie, âme, liberté, culture, désir, moi. Le champ lexical d'un monde intérieur.

CHANT AVEDISSIAN

Peintre spécialisé dans le textile, designer et photographe, né au Caire en I95I. Après des études entre Montréal et Paris, il retourne en Egypte où il constitue des archives photographiques sur les matériaux traditionnels pour le compte de l'architecte Hassan Fathy. Entre sérigraphie, peinture naïve et pop art, son œuvre exposée au BEC traite des scènes de la vie quotidienne en Egypte et des portraits de personnages populaires. Depuis I990, ses peintures sont exposées dans le monde entier et figurent au British muséum de Londres, au Tropenmuseum d'Amsterdam comme au Smithsonian de Washington.

AYMAN BAALBAKI

Né au Liban Sud en I975, année du déclenchement de la guerre civile, toute son enfance est marquée par les destructions et les migrations. Diplômé de l'Institut national des Beaux Arts de Beyrouth et de l'ENSAD de Paris, il a été choisi par la maison Louis Vuitton pour animer les vitrines de sa première boutique dans la capitale libanaise. Ses installations sont inspirées des scènes de guerre. Au BEC on a pu avoir une Mercedes de I975 trônant au milieu d'un espace avec sa galerie surchargée d'objet plus volumineux qu'elle. Le montage s'est fait in situ, à la veille du vernissage. Cette voiture représente pour l'artiste la quintessence du drame de toute guerre: le déplacement des populations avec ce qu'elles peuvent emporter de leur vie passée.

HASSAN HAJJAJ

Né en I96I à Larache, Maroc. Vit à Londres depuis I973. Photographe, designer et artiste conceptuel, son œuvre exposée au BEC était un feu d'artifice d'humour et de couleurs. Trop facile d'en faire le Warhol arabe, tant les clins- d'œil au pape du pop art sont évidents. Sauf que ses cannettes de Cambell soup à lui sont des emballages de Kohl et ses logos de Coca cola sont calligraphiés en arabe. Son œuvre raconte le traumatisme du passage brutal d'une culture à l'autre tel qu'il l'a vécu entre le Maroc et Londres. Elle raconte aussi la réconciliation entre les cultures par une joyeuse fusion.

FATHI HASSAN

Né au Caire en I957 de mère soudanaise et de père égyptien. Il fréquente l'atelier du grand sculpteur Ghaleb Khater et bénéficie d'une bourse qui le conduit à l'école des Beaux Arts de Naples. Il vit dans les Marches depuis I984. L'autoportrait mi noir mi blanc, intitulé "Divisione", de ce Nubien mâtiné d'Italien est une des pièces les plus fortes de l'exposition du BEC. Elle résume à elle seule le problème pose par l'arabité: celui d'une identité fragmentée entre Nord et Sud, Est et Ouest. Son installation "Rosario" égraine en calligraphies et enluminures ces prénoms qui ont fait la gloire du monde arabe, et qui sont aussi des adjectifs.

SUSAN HEFUNA

Née en Allemagne en I962, elle vit et travaille entre l'Egypte, l'Allemagne et New York. Ses œuvres exposées au BEC sont des tableaux métalliques inspires de la moucharabieh. Par un jeu de géométrie et de maillage, on peut déchiffrer dans ces cloisons inspirées d'un détail typique de l'architecture arabe des mots qui signifient "moi", qui signifient "rêve" et une phrase énigmatique: "Forever silence" (eternel silence). Henufa affirme voir dans la structure des moucharabiehs une similitude avec les molécules et l'ADN. Son travail est centré sur le regard d'autrui comme condition de notre appartenance.

RAEDA SAADEH

Palestinienne, née en I977 à Umm el-Fahem. Cette artiste conceptuelle et photographe a fait ses études à l'academie Bezalel d'art et de design de Jérusalem où elle vit et travaille actuellement. Ses photos exposées au BEC sont des manifestes sur la condition de la femme sous occupation politique. La paix du travail domestique en est marquée par une dimension nationale et une tension exprimée par une ménagère qui passe une montagne à l'aspirateur. Les œuvres de Saadeh font partie des collections publiques du Victoria & Albert muséum de Londres, du fonds régional d'art contemporain de Lorraine et du Magasin de Grenoble.

F.A.D. from Aishti Mag

We de Buthayna Ali

Destination X d'Ayman Baalbaki

Peinture murale pour l'inauguration de Arabcity au BEC, 2010 de Fathi Hassan

Metallic Lambada print, 2009 de Hassan Hajjaj

Vacuum de Raeda Saadeh

Ils viennent de Palestine (Via Chypre) ou Boston, de Syrie, d’Egypte, du Liban ou du Maroc. Entre devoir de mémoire et dénonciation des clichés, à travers l’art conceptuel ou la calligraphie, la photo, la vidéo ou le pop art, neuf artistes ont interrogé leur « arabitude » au Beirut exhibition centre.

Malgré une langue, une histoire et souvent un espace géographique collectifs, y a-t-il une identité commune entre les 22 pays polymorphes qui constituent le monde arabe? C'est la question qu'a posée Rose Issa, la curatrice de cette exposition très "food for thought" aux artistes sélectionnés. Présentée en version réduite l'été 20I0 à Liverpool au Bluecoat arts centre, "Arabicity" était donnée à voir au BEC jusqu'au 3I octobre. Dans le magnifique espace muséal que recèle cette architecture en écrin de chrome ou se reflète la ville, on était d'emblée accueilli par une immense calligraphie de Fathi Hassan, peinte à même le mur du centre: "Ourouba wa i'rab", Arabité et grammaire? L'arabité, ou comment l'exprimer. Le ton est donné. Le parcours invite le visiteur à une contemplation quasi-initiatique. Au bout de celle-ci, avec autant d'humour que de douleur, les talents conjugués des neuf artistes conduisent à une conclusion: entre héritage et fusion, l'art est le dernier refuge de l'identité arabe.

BASEL ABBAS ET RUANNE ABOU-RAHME

Tous deux Palestiniens, nés en I983, Basel à Nicosie et Ruanne à Boston. Basel a fait des études d'ingénieur du son entre Glasgow et Londres et Ruanne a obtenu un M.A en filmographie à Londres. Tous deux sont retournés vivre à Ramallah ou ils travaillent souvent ensemble. Leur installation vidéo, "Collapse" (Effondrement) présentée au BEC, a été créée à partir d'un montage de films et d'images d'archives de la Palestine où se promène la silhouette fantomatique d'une jeune femme. Traversant les époques et les lieux, cette image symbolise l'empiétement de l'histoire sur les trajectoires individuelles.

BUTHAYNA ALI

Née à Damas en 1974, diplômée de l'Ecole nationale supérieure des Beaux Arts de Paris, titulaire d'une maîtrise en histoire de l'art islamique, enseigne actuellement à l'université des Beaux Arts de Damas. Son installation au BEC, sous le titre "We", représente des balançoires rudimentaires en caoutchouc et chanvre. Celles-ci sont suspendues de façon précaire au dessus d'une sorte de bac à sable et éclairées chacune d'un spot. Chacune des assises porte un mot calligraphié en blanc. Vie, âme, liberté, culture, désir, moi. Le champ lexical d'un monde intérieur.

CHANT AVEDISSIAN

Peintre spécialisé dans le textile, designer et photographe, né au Caire en I95I. Après des études entre Montréal et Paris, il retourne en Egypte où il constitue des archives photographiques sur les matériaux traditionnels pour le compte de l'architecte Hassan Fathy. Entre sérigraphie, peinture naïve et pop art, son œuvre exposée au BEC traite des scènes de la vie quotidienne en Egypte et des portraits de personnages populaires. Depuis I990, ses peintures sont exposées dans le monde entier et figurent au British muséum de Londres, au Tropenmuseum d'Amsterdam comme au Smithsonian de Washington.

AYMAN BAALBAKI

Né au Liban Sud en I975, année du déclenchement de la guerre civile, toute son enfance est marquée par les destructions et les migrations. Diplômé de l'Institut national des Beaux Arts de Beyrouth et de l'ENSAD de Paris, il a été choisi par la maison Louis Vuitton pour animer les vitrines de sa première boutique dans la capitale libanaise. Ses installations sont inspirées des scènes de guerre. Au BEC on a pu avoir une Mercedes de I975 trônant au milieu d'un espace avec sa galerie surchargée d'objet plus volumineux qu'elle. Le montage s'est fait in situ, à la veille du vernissage. Cette voiture représente pour l'artiste la quintessence du drame de toute guerre: le déplacement des populations avec ce qu'elles peuvent emporter de leur vie passée.

HASSAN HAJJAJ

Né en I96I à Larache, Maroc. Vit à Londres depuis I973. Photographe, designer et artiste conceptuel, son œuvre exposée au BEC était un feu d'artifice d'humour et de couleurs. Trop facile d'en faire le Warhol arabe, tant les clins- d'œil au pape du pop art sont évidents. Sauf que ses cannettes de Cambell soup à lui sont des emballages de Kohl et ses logos de Coca cola sont calligraphiés en arabe. Son œuvre raconte le traumatisme du passage brutal d'une culture à l'autre tel qu'il l'a vécu entre le Maroc et Londres. Elle raconte aussi la réconciliation entre les cultures par une joyeuse fusion.

FATHI HASSAN

Né au Caire en I957 de mère soudanaise et de père égyptien. Il fréquente l'atelier du grand sculpteur Ghaleb Khater et bénéficie d'une bourse qui le conduit à l'école des Beaux Arts de Naples. Il vit dans les Marches depuis I984. L'autoportrait mi noir mi blanc, intitulé "Divisione", de ce Nubien mâtiné d'Italien est une des pièces les plus fortes de l'exposition du BEC. Elle résume à elle seule le problème pose par l'arabité: celui d'une identité fragmentée entre Nord et Sud, Est et Ouest. Son installation "Rosario" égraine en calligraphies et enluminures ces prénoms qui ont fait la gloire du monde arabe, et qui sont aussi des adjectifs.

SUSAN HEFUNA

Née en Allemagne en I962, elle vit et travaille entre l'Egypte, l'Allemagne et New York. Ses œuvres exposées au BEC sont des tableaux métalliques inspires de la moucharabieh. Par un jeu de géométrie et de maillage, on peut déchiffrer dans ces cloisons inspirées d'un détail typique de l'architecture arabe des mots qui signifient "moi", qui signifient "rêve" et une phrase énigmatique: "Forever silence" (eternel silence). Henufa affirme voir dans la structure des moucharabiehs une similitude avec les molécules et l'ADN. Son travail est centré sur le regard d'autrui comme condition de notre appartenance.

RAEDA SAADEH

Palestinienne, née en I977 à Umm el-Fahem. Cette artiste conceptuelle et photographe a fait ses études à l'academie Bezalel d'art et de design de Jérusalem où elle vit et travaille actuellement. Ses photos exposées au BEC sont des manifestes sur la condition de la femme sous occupation politique. La paix du travail domestique en est marquée par une dimension nationale et une tension exprimée par une ménagère qui passe une montagne à l'aspirateur. Les œuvres de Saadeh font partie des collections publiques du Victoria & Albert muséum de Londres, du fonds régional d'art contemporain de Lorraine et du Magasin de Grenoble.

F.A.D. from Aishti Mag

buthayna-ali
We de Buthayna Ali

destination-x
Destination X d'Ayman Baalbaki

fathi_hassan
Peinture murale pour l'inauguration de Arabcity au BEC, 2010 de Fathi Hassan

metallic_lambada
Metallic Lambada print, 2009 de Hassan Hajjaj

raeda_saadeh
Vacuum de Raeda Saadeh